Une reconnaissance pour tous

25 février 2022

Le 23 février dernier, la FSE a été invitée à participer à une rencontre informelle avec les ministres Jean-François Roberge et Jean Boulet ainsi que la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. D’autres organisations syndicales participaient également à cette rencontre.
Lors de celle-ci, le gouvernement souhaitait principalement nous parler du dossier de l’affectation des enseignantes et enseignants en début d’année dans les centres de services et commissions scolaires. Chacune des organisations avait aussi l’opportunité d’ajouter un sujet à l’ordre du jour, à sa convenance, afin de profiter de cette présence importante de représentantes et représentants du gouvernement.
Nous avons choisi d’aborder le thème de la reconnaissance du personnel de l’éducation en temps de pénurie de personnel et de pandémie. Toutefois, nous n’avions pas l’intention de présenter de solutions ou de demandes concrètes avant d’avoir plus d’informations sur les objectifs de cette rencontre initiée par le gouvernement.
Pourquoi le gouvernement souhaitait-il entendre les organisations syndicales sur un thème de leur choix? En nous laissant aborder le thème de la reconnaissance du personnel de l’éducation, quelle était sa réelle intention? La question mérite d’être posée, particulièrement dans le contexte où il est de plus en plus évident que ce même gouvernement aurait réfléchi à déclencher des élections dès ce printemps. Et n’oublions pas non plus que la prochaine ronde de négociation nationale est déjà à nos portes…
De notre côté, nous sommes d’avis que trois messages devaient absolument être livrés au gouvernement. Tout d’abord, nous souhaitions lui rappeler tout le travail accompli par les enseignantes et enseignants depuis le début de la pandémie. Ils ont tenu le réseau à bout de bras, malgré une tâche déjà lourde, des conditions de travail peu sécuritaires et les nombreuses voltefaces du gouvernement. Nous souhaitions aussi aborder le sujet de la rétention du personnel pour nous assurer que notre réseau puisse conserver les nombreux enseignants et enseignantes qui pensent présentement à quitter la profession avant la fin de leur carrière. Enfin, nous souhaitions également parler d’attraction avec nos interlocuteurs pour tenter de trouver des solutions durables à la pénurie de personnel en attirant du sang neuf dans la profession.
Malheureusement, une autre organisation syndicale a préféré la voie de l’opportunisme en choisissant de sortir sur la place publique AVANT cette importante rencontre et de placer « UNE » solution sur la table. Le tout, sans connaître auparavant les tenants et aboutissants de cette rencontre qui, rappelons-le, se voulait informelle et de réflexion. De notre côté, nous avons choisi d’écouter et de tenter de comprendre les intentions du gouvernement avant de lancer à tout vent des solutions improvisées et hasardeuses.
L’honnêteté intellectuelle doit permettre de dire que, lorsqu’une bonne idée est sur la table, elle ne doit pas être rejetée parce qu’elle vient d’une autre organisation. D’ailleurs, je reconnais que les 10 jours de congé monnayables en fin de carrière demandés par la FAE est une bonne idée. Une proposition semblable était aussi dans les cartons de la FSE, à la différence que nous aurions souhaité rendre ces journées monnayables dès cette année ou l’an prochain. Par contre, selon nous, bien qu’il s’agisse d’une compensation concrète pour le travail effectué au cours des derniers mois, cette solution n’est pas suffisante. À elle seule, cette demande est l’équivalent d’un pansement sur une jambe de bois. Elle ne règlera en rien les problèmes qui affligent notre système d’éducation.
Qu’arrive-t-il à celles et ceux qui étaient là au début de la pandémie, mais que la surcharge de travail a découragés et qui ont quitté la profession? À ceux qui viennent tout juste de quitter pour la retraite? Où est la reconnaissance pour ces personnes?
Est-ce que 10 jours de congé feront en sorte que l’enseignante ou l’enseignant qui réfléchit à un départ prochain à la retraite, malgré une pénalité actuarielle, décidera de rester? Est-ce que le jeune qui réfléchit à sa future profession sera convaincu de choisir l’enseignement en raison de l’ajout de 10 jours de congé sur une carrière de 35 ans?
Bref, la proposition de la FAE est en soi, je le répète, plutôt intéressante. Cependant, elle offre une porte de sortie facile au gouvernement. Elle lui permet trop aisément de se targuer de reconnaître le travail des profs, sans s’attaquer aux problèmes qui sont à l’origine des difficultés de notre réseau scolaire, comme l’épuisement des profs et le désintérêt envers notre profession. Ne donnons pas l’opportunité à ce gouvernement de partir en campagne électorale et de débuter la prochaine négociation en clamant haut et fort qu’il est si généreux envers les enseignantes et enseignants sans que ce ne soit réellement le cas.
Je suis convaincue qu’il est plus que jamais temps d’agir, et que le gouvernement est présentement à l’écoute des solutions que nous avons à proposer. La solution de la FAE doit être bonifiée pour tenir compte de tout le personnel et de toutes les réalités. Nous poursuivrons notre travail de représentation et de revendications et nous vous tiendrons informés de la réception du gouvernement à nos différentes propositions pour obtenir une réelle reconnaissance.
Merci, et bonne relâche à vous!

Josée Scalabrini, présidente de la FSE