Un sprinter à l’éducation ?

9 mai 2003

On veut bien donner la chance au coureur, mais…

Québec, le 9 mai 2003. — « On veut bien donner la chance au coureur, mais un mandat de quatre ans s’apparente plus à une course de fond qu’à un sprint. » C’est le commentaire lapidaire que les nouvelles déclarations du ministre de l’Éducation inspirent à la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Mme Johanne Fortier.

Si la FSE avait relativement bien reçu l’annonce impromptue du report d’un an de la réforme au secondaire, en début de semaine, parce qu’elle permettait de s’assurer de faire les choses correctement, et donnait le temps au gouvernement pour répondre à des questions importantes, notamment sur l’abandon du redoublement non assorti de mesures alternatives et sur la politique d’évaluation des apprentissages, il en va autrement avec les nouvelles déclarations ministérielles.

Mais même en comprenant la position ministérielle, la FSE s’était étonnée qu’une déclaration aussi hâtive, aussi lourde de conséquences n’ait fait l’objet d’aucune consultation préalable. Comme d’autres intervenants en éducation, la FSE au lendemain de son assermentation avait sollicité du nouveau ministre une première rencontre, pour échanger de façon informelle sur les grands dossiers. Il nous semble que le ministre aurait démontré plus de prudence en complétant son cabinet, en procédant à ces rencontres, avant de figer les orientations de son ministère, sur l’enseignement de l’anglais en première année, par exemple, ou sur la révision de la loi 124 qui vient d’être adoptée sur les plans de réussite et les projets éducatifs.

La réforme des programmes au primaire est encore en consolidation. On vient de recentrer la grille-horaire sur les matières de base, de modifier les façons d’enseigner. Il nous semble prématuré d’introduire une nouvelle matière au premier cycle, sans validation pédagogique, sans consultation, sans préparation, sans s’assurer que nous pourrons disposer du personnel qualifié en nombre suffisant. Il nous semble y avoir incohérence entre le temps qu’on veut se donner au secondaire et la précipitation dont on fait preuve pour chambouler à nouveau la grille au primaire.

Au moment où le système d’éducation semble à peine sortir la tête de l’eau, en ayant récupéré des ponctions qui y avaient été effectuées, après une campagne électorale où les deux priorités libérales avaient été identifiées comme la santé et l’éducation, la Fédération des syndicats de l’enseignement s’inquiète que les premières déclarations sur les difficultés de financement touchent justement l’un de ces secteurs.

La population a parlé, elle a élu le Parti libéral. Ce mandat clair ne doit pas dispenser le nouveau gouvernement d’associer à ses décisions les principaux intervenants qui seront appelés à mettre en œuvre ses nouvelles politiques. La société civile continue d’exister.

Nous partageons l’inquiétude de la CSQ qui s’étonnait mercredi de la précipitation des nouveaux élus à annoncer la réalisation de leurs projets, qui aux Finances, qui à la Société de l’assurance automobile, et qui maintenant à l’Éducation, sans égards pour les personnes et les groupes qui seront appelés à les mettre en œuvre.

Pour information : Jean Laporte, attaché de presse de la FSE
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