Un ordre professionnel pour les enseignantes et enseignants
10 juillet 2003
Un organisme coûteux et inutile
Montréal, le 10 juillet 2003. – La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ), Johanne Fortier, a eu une première réaction vigoureuse à l’intention annoncée hier par le ministre de l’Éducation, Pierre Reid, de mettre sur pied rapidement un ordre professionnel pour les enseignantes et enseignants. » Si le ministre s’estime investi d’un mandat spécifique en ce sens par les gens qui ont voté pour son parti, il devrait aussi considérer une autre promesse libérale, de réexaminer l’ensemble des programmes gouvernementaux, a souligné Mme Fortier. Sans cautionner la volonté libérale de sabrer dans l’administration publique, à l’évidence, créer un nouvel organisme dont on sait par avance qu’il sera inutile en plus d’être coûteux semble en contradiction flagrante avec d’autres promesses libérales. «
Par ailleurs Mme Fortier s’est montrée étonnée que le ministre fasse allusion à un processus de consultation qui serait déjà enclenché. À titre de présidente de la Fédération dont les 80 000 membres seraient les premiers visés par la création d’un tel ordre, elle n’en a pas encore été informée.
Rappelons que l’Office des professions, qui a pour mandat de superviser les ordres professionnels et de conseiller le gouvernement, rendait un avis au début de 2003, à l’effet que si le métier d’enseignement offrait les caractéristiques d’une véritable profession, il n’y avait pas lieu de mettre sur pied un ordre enseignant. En effet la profession est déjà suffisamment réglementée et le public suffisamment protégé, au premier chef par la Loi sur l’instruction publique, qui précise les obligations du personnel enseignant, et qui s’apparente à un Code de déontologie. On connaît aussi le rôle des administrateurs scolaires, des conseils d’établissement, l’importance des projets pédagogiques. L’accès à la profession est très bien encadré, son exercice aussi, et les écarts éventuels sanctionnés avec une rigueur incomparable. Le ministre n’a pas non plus à s’inquiéter d’avoir à gérer la profession en même temps qu’il est celui qui embauche et qui paie, des mandats qui sont assumés par les commissions scolaires.
La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) a aussi rappelé la position très ferme du Congrès de la Centrale des syndicats du Québec qui a réitéré le 30 juin son opposition à la création d’un tel ordre.
Le ministre, au lieu d’invoquer un élément du programme du Parti libéral, formulé avant que ne soit rendu public l’avis très documenté de l’Office des professions, devrait plutôt prendre en compte cette nouvelle pièce au dossier et contribuer à faire évoluer la position de son parti sur cette question. Tout comme il devrait considérer que quatre enseignantes et enseignants sur cinq s’opposent à la création d’un tel ordre, comme le révélait un sondage CROP en novembre 2002.
Source : Jean Laporte
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