Semaine des enseignantes et des enseignants – Ça va prendre plus qu’une semaine pour reconstruire notre système d’éducation
4 février 2024
Du 4 au 10 février 2024 se déroulera la 30e édition de la Semaine des enseignantes et des enseignants du ministère de l’Éducation, ayant comme objectif de valoriser la profession enseignante.
Difficile d’être contre la vertu et de ne pas se réjouir de ce type d’initiative. Mais ne soyons pas dupes, il faudra bien plus qu’une semaine de valorisation pour revaloriser une profession mise à mal par des décennies de désengagement politique et de sous-‑financement chronique. Valoriser le travail des profs devrait être une priorité politique 52 semaines par année, et non pas seulement dans les beaux discours tenus cette semaine ou encore en période électorale.
Au cours des derniers mois, vous, les enseignantes et enseignants de partout au Québec avez participé à une grande mobilisation. Aux côtés de vos collègues de l’éducation, de la santé et de l’ensemble des services publics québécois, vous êtes sorti dans la rue pour vous faire entendre. Vous avez prouvé à la population que l’amélioration de notre système d’éducation public et la qualité des services aux élèves vous tiennent à cœur. C’est au gouvernement, maintenant, de faire sa part et de démontrer son engagement à régler les maux qui affligent l’école québécoise.
Malheureusement, la négociation d’une nouvelle convention collective ne règlera pas tous les problèmes, même si elle devait être entérinée. Malgré une mobilisation exceptionnelle, les avancées, bien que réelles, demeurent modestes sur l’enjeu central qu’était la composition de la classe. La partie patronale aura fait la sourde oreille sur cette priorité jusqu’au bout, et les résultats des assemblées générales qui se tiennent présentement démontrent votre insatisfaction face à cette fermeture gouvernementale.
Malgré tout, ne sous-estimons pas le travail accompli. En plaçant la composition de la classe sur la place publique et en sensibilisant la population aux problèmes concrets qu’elle pose dans les classes, nous préparons déjà les prochaines batailles. Des batailles que nous mènerons avec vous, solidairement, en vous consultant et en travaillant de près avec les syndicats qui vous représentent. Celles-ci feront surtout appel à l’ouverture du gouvernement, là où réside le véritable nœud du problème.
Rome ne s’est pas bâtie en un jour. La reconstruction d’un système d’éducation public, négligé par des décennies de manque de leadership politique, de sous-financement, de vision à court terme et d’austérité ne se fera pas en quelques mois. Et cette reconstruction ne pourra pas passer uniquement par la convention collective des profs. Oui, c’est un premier pas, mais c’est d’une grande réflexion nationale dont le Québec a besoin. Et ça va devoir passer par la volonté politique d’un gouvernement qui valorise réellement l’éducation, et pas seulement une semaine par année.
Malgré le contexte actuel, je vous remercie de votre engagement envers la magnifique profession enseignante. Même si ce n’est que pour quelques jours, profitez de la reconnaissance que vous recevrez cette semaine. Une tape dans le dos, ça fait toujours du bien, bien que ce soit d’une véritable écoute dont nous aurions besoin pour rebâtir ensemble le réseau.
Bonne semaine des enseignantes et des enseignants!
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ