Semaine de l’école publique
17 janvier 2007
Éducation : le public doit cesser de subventionner le privé
Québec, le 17 janvier 2007. — Le gouvernement du Québec doit commencer dès maintenant à mettre en place les mesures qui établiront clairement que le réseau d’enseignement privé au Québec doit dorénavant mieux porter son nom et cesser d’être subventionné par des fonds publics. À défaut, c’est un système d’apartheid qui se perpétuera dans l’éducation alors que les moins fortunés continueront à subventionner un système parallèle réservé en pratique aux mieux nantis, au détriment du réseau public.
À l’occasion de la Semaine de l’école publique (du 15 au 19 janvier), c’est le message qu’adressent la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) et ses syndicats affiliés aux partis politiques qui s’apprêtent à entrer en campagne électorale. La présidente, Johanne Fortier, à l’instigation du Conseil fédéral de la FSE, unanime sur cette question, estime que le Québec n’a pas les moyens de continuer à subventionner chaque élève du secteur privé à hauteur de 60 % du coût moyen par élève du secteur public. Elle ajoute « nous n’avons sans doute pas les moyens financiers, mais surtout pas les moyens sociaux de continuer à miner ainsi l’école publique en participant à sa dévalorisation ».
Rappelons que le Québec est de loin la province la plus généreuse pour son réseau privé. Environ 40 % des revenus des établissements privés québécois sont des subventions étatiques, alors que la moyenne canadienne avoisine les 25 % et qu’en Ontario, le financement public des écoles privées est quasi nul, à moins de 1 %.
Le Regroupement pour la défense et la promotion de l’école publique avait évalué, au printemps 2005, à 75 millions de dollars les économies à réaliser en mettant fin au financement public des écoles privées. Ce regroupement rassemblait les syndicats d’enseignantes et d’enseignants, mais aussi les parents, les commissions scolaires et les cadres scolaires. Dans sa déclaration, il affirmait : « Nous sommes convaincus qu’il y a urgence : il faut améliorer le financement de l’école publique. Nous croyons qu’il est injuste que l’État finance en parallèle un réseau d’écoles privées qui n’a pas les mêmes obligations que le réseau public et dont certaines pratiques de sélection vont même [à l’encontre] des politiques officielles du ministère de l’Éducation. »
En 2007, la situation s’est aggravée, l’hémorragie vers le privé s’est poursuivie. Ainsi, pendant que les écoles primaires et secondaires publiques perdaient respectivement 16 418 et 489 élèves, entre 2005-2006 et 2006-2007, les écoles primaires et secondaires privées faisaient des gains respectifs de 104 et 739 élèves.
Les écoles publiques tentent de contrer cette concurrence déloyale en offrant des programmes particuliers, ce qui est heureux, mais en imitant parfois le secteur privé en contingentant ces programmes ou en faisant une sélection des candidates et candidats, ce qui laisse en plan la majeure partie des élèves. Quel message envoie-t-on à un élève, qui va entrer au secondaire en septembre prochain, qui a été refusé à trois programmes spéciaux, dans l’ordre, (multisport, informatique, et arts de la scène) si ce n’est qu’il va se retrouver au régulier « régulier », sans aucun attrait pour lui, parce qu’il a le seul tort d’être en milieu de peloton, pas assez mauvais pour bénéficier de mesures de soutien, mais pas assez bon pour choisir un programme qui l’aurait stimulé, passionné.
On doit donc questionner la nouvelle approche « marchande » en éducation, qui amène les établissements publics à se livrer à des guerres de marketing à coups de nouveaux programmes qu’ils ne peuvent offrir qu’à une portion très minoritaire des élèves qu’ils y attirent. Tout cela se fait dans un contexte où la classe ordinaire dans l’école publique est le lieu d’une intégration massive des élèves ayant des difficultés d’apprentissage ou de comportement sans que les ressources nécessaires soient disponibles pour aider ces élèves et soutenir les enseignantes et enseignants.
La FSE tient aussi à rappeler qu’elle partage largement les vues et les conclusions de l’ouvrage de Jocelyn Berthelot, Une école pour le monde, une école pour tout le monde, publié en 2006 chez VLB. Monsieur Berthelot est un ex-chercheur de la Centrale des syndicats du Québec, maintenant retraité. Des extraits de son ouvrage à paraître avaient soutenu la réflexion des déléguées et délégués au Congrès de la CSQ en juin 2006.
Profil de la FSE
La Fédération des syndicats de l’enseignement est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec. Elle est formée de la plupart des syndicats d’enseignantes et d’enseignants de commissions scolaires du Québec. Elle négocie en cartel avec l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec, son pendant vis-à-vis des commissions scolaires anglophones. Elle compte près de 70 000 membres.
Pour information : Jean Laporte, attaché de presse FSE
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