Réforme de l’éducation

7 novembre 2007

Rien ne va plus, les enseignants dénoncent la confusion et l’ingérence politique

Montréal, 7 novembre 2007. – Alors que la confusion règne encore dans les écoles du Québec au sujet de la mise en œuvre du bulletin chiffré, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) tiennent à exprimer publiquement l’exaspération et la très grande insatisfaction des enseignantes et des enseignants qu’elles représentent.

La confusion qui a cours dans le milieu a trois sources : l’arrivée tardive de l’Instruction annuelle, les messages ambigus que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) livrait encore tout récemment, de même que la résistance de certaines autorités locales qui ne veulent tout simplement pas respecter l’Instruction annuelle et l’autonomie professionnelle des enseignants en imposant une seule façon de faire pour déterminer la note apparaissant au bulletin. « Les enseignantes et les enseignants étaient déjà insatisfaits, car on leur a imposé un bulletin en dépit du choix qu’on aurait dû leur laisser dans le milieu, sans considération pour les pratiques passées, sans égard au contexte de la classe ni aux matières enseignées. Il faut maintenant compter sur un niveau élevé de frustration quand on calcule le chaos des directives contradictoires relatives à la mise en œuvre du bulletin chiffré », a déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE.

« Il est inconcevable que trois mois après la rentrée scolaire, les directives soient appliquées de façon aussi disparate d’un milieu à l’autre. Cela exaspère les enseignantes et les enseignants. Si l’on ajoute à cela que le MELS n’a pas tenu compte de l’opinion professionnelle des enseignants, on comprend la grogne qui se vit sur le terrain, particulièrement du primaire, tant dans les écoles anglophones que les écoles francophones », a soutenu Mme Maureen Morris, présidente de l’APEQ.

La dictée

Comme si ce n’était pas suffisant, le premier ministre a récemment annoncé solennellement le « retour en force de la dictée dans les écoles du Québec », alors même que celle-ci est déjà utilisée dans les milieux. « C’est de l’ingérence politique dans une pratique qui appartient aux enseignantes et aux enseignants. Nous demandons que l’on respecte les choix pédagogiques qui sont faits dans les salles de classe. De plus, il ne faut pas se laisser leurrer par le mirage de la dictée, qui n’est qu’un moyen parmi d’autres pour apprendre les règles de français », a dit Mme Fortier. Les représentantes syndicales plaident plutôt en faveur d’un plan global pour améliorer l’apprentissage du français, élaboré en concertation avec le personnel enseignant, et qui irait bien au-delà d’une annonce populiste d’une mesure faite sans réflexion pédagogique.

Report de la réforme à l’éducation des adultes

Du côté de l’éducation des adultes (EDA), qui en est cette année à une implantation facultative de la réforme, le constat est désolant. En effet, les conditions ne sont vraiment pas réunies pour y permettre l’implantation de la réforme. « Toutes les dérives que nous avons dénoncées pour la réforme au primaire et au secondaire sont reproduites pour l’implantation de la réforme à l’EDA, mais cette fois-ci, le contexte particulier d’organisation scolaire la rend tout simplement irréalisable. À cet effet, nous avons formellement demandé à la ministre de l’Éducation de reporter l’implantation de la réforme à l’EDA tant et aussi longtemps qu’elle n’aura pas procédé à une réelle évaluation de sa faisabilité et de sa pertinence et qu’elle n’aura pas, en conséquence, apporté les changements requis », ont déclaré Mmes Fortier et Morris. En effet, que ce soit les ratios élevés d’élèves dans les classes, la diversité des profils d’élèves qui y sont inscrits, la formation quasi inexistante offerte aux enseignantes et aux enseignants, l’absence de matériel pédagogique ou le temps de travail requis pour répondre aux nouvelles exigences des programmes, rien ne permet actuellement d’implanter la réforme à l’éducation des adultes.

Une pétition pour exprimer l’exaspération des enseignants et exiger le respect

Les représentants syndicaux ont, par ailleurs, lancé aujourd’hui une pétition à l’intention des enseignantes et des enseignants pour exprimer à la ministre du MELS leur exaspération et leur insatisfaction quant aux décisions qui ont été prises en éducation. Le dépôt de cette pétition est prévu au début de décembre.

« Compte tenu du caractère réducteur des annonces partisanes qui ont eu lieu récemment, les enseignantes et les enseignants se sentent ballottés, méprisés dans leur expertise professionnelle, en plus d’être très mécontents du cafouillis qui en résulte. La pétition, on l’espère, fera comprendre à la ministre que les enseignantes et les enseignants veulent être respectés et qu’ils ne doivent pas faire les frais de la surenchère politique qui a cours actuellement. L’éducation est un enjeu de société trop important pour que de la petite politique se fasse sur le dos de gens qui y œuvrent », a conclu M. Réjean Parent, président de la CSQ.

Profil de la CSQ, la FSE et l’APEQ

La CSQ représente quelque 155 000 membres, dont plus de 100 000 dans le secteur public, la grande majorité travaillant dans le domaine de l’éducation. La FSE est affiliée à CSQ. Elle est formée de la plupart des syndicats d’enseignantes et d’enseignants de commissions scolaires du Québec et elle compte près de 60 000 membres. L’APEQ est composée de quelque 7 000 enseignantes et enseignants des commissions scolaires anglophones du Québec et négocie en cartel avec la FSE.

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Sources :       Marjolaine Perreault
Attachée de presse de la CSQ
Tél. cell. :  514 235-5082

Sylvie Lemieux
Attachée de presse de la FSE-CSQ
Tél. cell. : 418 563-7193

Alan Lombard
Directeur général de l’APEQ
Tél. cell. : 514 894-9585