Reconnaissance du temps de travail enseignant
14 octobre 2003
La Fédération des commissions scolaires cherche à dénaturer l’entente
Québec, le 14 octobre 2003. — Réagissant à un mot d’ordre de leur fédération, des commissions scolaires ont décidé d’appliquer de façon ultra rigide la convention collective des enseignantes et enseignants, en voulant imposer un minutage, une segmentation et un contrôle tatillon de la tâche enseignante. La Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) s’insurge contre cette tentative grossière de dénaturer le contenu de l’entente sur la durée du travail enseignant, en modifiant unilatéralement la portée des textes de la convention collective pourtant inchangés. Elle encourage plutôt la poursuite de discussions de bonne foi au niveau local, qui tiennent compte du vécu des milieux et permettent de régler la grande majorité des problèmes rencontrés, y compris ceux reliés à l’application de l’entente.
Pour Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, il est pour le moins paradoxal que la Fédération des commissions scolaires du Québec, qui est si souvent prompte à dénoncer un prétendu manque de souplesse des conventions collectives et des syndicats enseignants, soit justement celle qui tente d’imposer à ses composantes une approche univoque de l’organisation de la tâche enseignante sans prendre en compte la diversité des situations et des milieux. « Le travail enseignant est plus un mandat général à accomplir qu’une série de tâches distinctes à additionner et à minuter, » a souligné Mme Fortier. « Devons-nous comprendre que l’appel à la souplesse de la part des commissions scolaires n’est que leur volonté de faire faire ce qu’elles veulent, quand elles le veulent aux enseignantes et enseignants, en leur niant toute marge de manœuvre ? »
On se rappelle que les enseignantes et enseignants ont mené une lutte de plusieurs années pour faire reconnaître que leur travail était comparable, en durée, avec celui de leurs collègues du secteur public auquel le processus d’équité salariale devait les comparer. C’est le gouvernement qui avait prétexté une durée moindre pour réduire d’autant les correctifs nécessaires. Une entente était finalement intervenue au printemps 2002, entérinée par les membres et finalement avalisée par le Conseil fédéral de la FSE, au début d’octobre.
L’entente de principe stipulait expressément que : « Il est entendu que la tâche éducative demeure inchangée ainsi que le temps d’enseignement en faisant partie ». Sur le reste de la tâche, rien n’a été changé, hormis l’obligation de présence sur les lieux de travail. Les enseignantes et enseignants s’expliquent donc mal que la Fédération des commissions scolaires tente de modifier la portée et l’interprétation de textes inchangés, alors que l’entente sur le travail enseignant a justement consacré le statu quo sur la tâche, et la reconduction des textes qui la précisent.
Dans son communiqué du 17 mai 2002, la FCSQ s’était dite « déçue que l’entente ne se traduise pas par une présence accrue des enseignants et des enseignantes auprès des élèves et d’une plus grande souplesse dans l’organisation du travail. »
Si l’entente prévoit pour le personnel enseignant une augmentation du temps de présence à l’école, de deux heures, cette année, passant de 27 à 29 heures, elle n’a pas augmenté le temps de présence des élèves, ni modifié les autres dispositions des ententes nationale et locales qui précisent les modalités d’organisation du travail enseignant. Or la FCSQ incite ses composantes à un nouveau contrôle tatillon et mesquin des 27 premières heures de présence à l’école, tentant ainsi d’obtenir indirectement ce qu’elle n’avait pu obtenir par l’entente du printemps 2002.
En pratique, certains gestionnaires tentent de réduire le temps prévu l’an dernier pour certaines activités. Pourquoi une enseignante ou un enseignant devrait-il consacrer moins de temps à organiser une classe de neige cette année que l’an passé ? Parce que ce faisant, la commission scolaire tente d’ajouter d’autres tâches au professeur en question. La FSE et ses syndicats locaux examineront donc avec attention toute diminution du temps habituellement consacré aux activités et s’assureront qu’elle corresponde à une modification réelle et raisonnable, et non à la volonté des administrations de multiplier les tâches assignées au personnel.
Par ailleurs, si nous sommes d’accord pour qu’on reconnaisse un certain nombre d’heures dans l’année à un professeur pour organiser, par exemple, des sorties culturelles, ou des activités festives de fin d’année, ou un colloque pédagogique, il nous apparaît abusif qu’on s’attende de l’enseignante ou de l’enseignant qu’il consacre chaque semaine à cette activité le même nombre de minutes, à un même moment fixé à l’horaire, en niant la nature même de ces activités.
« Ce morcellement du travail et le contrôle pointilleux auquel on tente d’astreindre les enseignantes et enseignants ne respecte ni leur autonomie professionnelle, ni leur sens du devoir à accomplir, ni leur engagement envers la réussite de leurs élèves. Il ne répond pas non plus à des impératifs modernes d’organisation du travail et de relations du travail. Nous invitons donc les commissions scolaires et les directions d’établissements à s’en distancier le plus rapidement possible », a conclu Mme Fortier.
Pour information :
Jean Laporte
Attaché de presse FSE
(418) 563-7193 (cell.)