Propositions libérales pour améliorer l’école québécoise

21 octobre 2011

MONTRÉAL, le 21 oct. 2011 – « Les chambardements annoncés par la ministre de l’Éducation et les propositions présentées au Congrès du Parti libéral du Québec visant à évaluer les enseignants, par l’entremise des élèves, pour récompenser financièrement les écoles les plus performantes sont inutiles et même dangereuses pour la qualité de notre système public d’éducation. Les expériences semblables tentées aux États-Unis sont en train de porter un coup mortel à l’école publique américaine et le même sort menace l’école québécoise si l’on importe ici ces pratiques. »

À quelques heures de la tenue du 31e Congrès du Parti libéral du Québec qui aura lieu à Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), par la voix de son président, M. Réjean Parent, dénonce vertement l’intention des militants libéraux de reprendre à leur compte les supposées solutions miracles proposées par François Legault en éducation.

« Assurer l’éducation et la réussite des élèves est beaucoup plus complexe que de produire un outil quelconque en usine. Nos écoles ont trop de valeurs pour l’éducation de nos jeunes pour qu’on juge de leur efficacité sur le seul critère de la performance, comme si elles n’étaient rien de plus qu’une simple usine de production. Cette approche est en train de détruire le système public d’éducation aux États-Unis et les Québécois doivent la rejeter, peu importe qui en fait la promotion », met en garde le président de la CSQ, M. Réjean Parent.

Un échec flagrant aux États-Unis

Monsieur Parent invite d’ailleurs celles et ceux qui seraient tentés par une approche basée sur l’évaluation des écoles par la performance à relire les écrits de Mme Diane Ravitch, qui a été vice-ministre de l’Éducation sous l’administration de George W. Bush, et chargée de l’application d’un tel programme.

« Dix ans plus tard, Mme Ravitch constate l’échec de l’approche de gestion selon la performance et elle est devenue l’une des critiques les plus sévères de tout ce qui s’appelle concurrence entre les écoles, multiplication des évaluations, fermeture des écoles non performantes et paye au mérite pour les enseignants. L’expérience américaine démontre que si l’on se met à gérer notre système public d’éducation comme une entreprise privée, les plus grands perdants seront nuls autres que nos enfants eux-mêmes, ces élèves dont la réussite devrait être au cœur de nos écoles, et non une simple question de performance », soutient M. Réjean Parent.

La tricherie érigée en système en Géorgie, au nom de la performance

D’autre part, le président de la CSQ ajoute que la proposition qui sera soumise aux militants libéraux, à l’effet de récompenser les écoles les plus performantes dans l’octroi des budgets, peut conduire à de graves égarements comme l’a démontré l’expérience vécue récemment en Géorgie.

« Le 5 juillet dernier, le gouverneur de la Géorgie, Nathan Deal, a dévoilé un rapport d’enquête de plus de 400 pages démontrant comment 38 directeurs d’écoles et 140 enseignantes et enseignants ont triché au cours des dix dernières années pour améliorer la performance de leurs élèves aux examens du ministère de l’Éducation. Ce système généralisé de tricherie a été instauré pour répondre à la pression de devoir performer afin de se qualifier pour avoir droit aux subventions supplémentaires accordées aux écoles les plus méritantes », rapporte M. Parent.

Les élèves comme les grands perdants

Le leader syndical insiste pour dire que lorsque la performance prend tellement de place dans notre système scolaire qu’elle oriente une partie des budgets, on ouvre la porte à une situation semblable à celle dévoilée en Géorgie.

« Le plus grave n’est pas le fait que ces écoles, où il y a eu tricherie dans les résultats des examens, ont accaparé des subventions auxquelles elles n’auraient pas eu droit, mais bien plutôt le fait qu’un nombre important des élèves fréquentant ces écoles n’ont pas reçu l’éducation à laquelle ils avaient droit. En effet, à partir du moment où on augmente artificiellement les notes de tous les élèves pour bien faire paraître l’école, alors les élèves qui ont des difficultés particulières ne reçoivent pas le soutien professionnel qui leur serait normalement accordé puisqu’ils sont faussement identifiés comme des élèves ne connaissant pas de problèmes », déplore le président de la CSQ.

Répéter les erreurs des autres

Monsieur Parent n’en revient pas que les libéraux ne trouvent rien de mieux à proposer pour améliorer notre système d’éducation que de reprendre à notre compte une approche testée depuis dix ans aux États-Unis et dont les résultats sont aujourd’hui dénoncés par l’ex-vice-ministre de l’Éducation qui avait été chargée de son application.

« Mme Ravitch est claire : nos écoles ne s’améliorent pas si l’on met l’accent seulement sur la lecture et les mathématiques en ignorant les autres matières, et si l’on accorde de la valeur uniquement à ce qui se mesure par des tests. Nous allons répéter les erreurs des autres où la priorité dans nos écoles sera de préparer les élèves aux fameux tests annuels, pour que l’école ait droit à son budget de performance, en négligeant l’élève lui-même, ses besoins et son éducation globale », prévient le président de la CSQ.

Des idées populistes qui ne tiennent pas la route

Monsieur Réjean Parent termine en invitant les militants libéraux à prendre le temps de bien s’informer avant de succomber aux idées populistes d’un François Legault afin d’améliorer leur performance dans les sondages.

« La réussite éducative est un sujet beaucoup trop sérieux pour qu’on la laisse entre les mains de politiciens démagogues, qui s’improvisent du jour au lendemain apprentis sorciers de l’éducation sans être conscients des risques sérieux que leurs supposés remèdes feront courir aux premiers concernés, les élèves. On n’éduque pas des jeunes comme on fabrique des produits dans une usine et on ne dirige pas des écoles comme on gère une entreprise privée », conclut le président de la CSQ.

 

Profil de la CSQ

La CSQ représente plus de 180 000 membres, dont plus de 100 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.

 
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Marjolaine Perreault
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