Prioriser les apprentissages en temps de pandémie
23 septembre 2020
Ce n’est un secret pour personne, l’année scolaire 2020-2021 est une année particulièrement exigeante. La mise en place des conditions nécessaires pour assurer à tous les élèves une année stimulante et sécuritaire demande au personnel enseignant d’adapter son enseignement. En effet, l’apprentissage des mesures d’hygiène accrues, de la distanciation physique constante, de la manipulation du couvre-visage et des déplacements et pauses différenciés sont autant de directives obligatoires en vigueur depuis la rentrée. On ajoute à cela du temps de surveillance nettement accru, de même que la trop fréquente nécessité de désinfecter soi-même son local et son matériel, faute de personnel de soutien présent en nombre suffisant. Les obligations sont multiples, mais les ressources ne sont pas plus nombreuses, malgré les promesses et les annonces.
De plus, afin de réduire les écarts entre les élèves, une mise à niveau importante doit se faire actuellement avant d’entreprendre les nouveaux apprentissages. Bref, depuis la rentrée, énormément de temps est consacré à la mise en place et la maîtrise des mesures sanitaires et à la consolidation des acquis sans qu’aucun temps additionnel n’ait été accordé aux enseignantes et enseignants pour tout organiser. Pourtant, toutes les mesures qui doivent être mises en place grugent beaucoup de temps d’enseignement des contenus des programmes d’études obligatoires. Et que dire de la réalité actuelle de la classe, qui veut que les profs enseignent du nouveau contenu alors que plusieurs élèves sont absents et que leurs groupes sont rarement complets. La fatigue de novembre se fait déjà sentir dans nos milieux, et plusieurs se demandent comment ils vont y arriver. Nous attendons en vain les renforts et la cavalerie que le ministre nous annonçait avec tambours et trompettes.
Les enseignantes et enseignants ont besoin de plus de temps et de davantage de ressources, deux enjeux cruciaux dans ce contexte. Survient alors la question de l’évaluation, qui pose un problème majeur. En effet, comment le personnel enseignant peut-il remplir les exigences habituelles de l’évaluation et du bulletin unique dans ces conditions hors de l’ordinaire? Évaluer, c’est poser un acte professionnel où le jugement repose sur des informations valides, suffisantes et pertinentes. Alors, comment évaluer les objectifs des programmes lorsque le temps d’enseignement et d’apprentissage est diminué significativement pour faire face aux défis et aux imprévus liés à la pandémie? Déjà qu’en temps normal, la course aux notes pour la production des bulletins exerce une pression indue sur le personnel enseignant et les élèves, comment les enseignantes et enseignants peuvent-ils y arriver dans ce contexte tout en priorisant les élèves?
Le personnel enseignant et les élèves ne peuvent être les seuls à devoir s’adapter. Il est essentiel que le système et les exigences en matière d’évaluation soient adaptés aussi à la situation actuelle. C’est pourquoi la FSE‑CSQ demande de soutenir l’encadrement, l’enseignement et les apprentissages des élèves en diminuant significativement le temps consacré à l’évaluation. Pour ce faire, il est essentiel d’assouplir temporairement les exigences du régime pédagogique relatives à l’évaluation, notamment celles qui concernent le nombre d’étapes et leur pondération. Il est aussi impératif de limiter les épreuves imposées par le ministre ainsi que les épreuves internes des centres de services scolaires. Toutes les matières n’ont pas à être évaluées selon les mêmes paramètres. Concentrons-nous plutôt sur l’essentiel.
Les enseignantes et enseignants lancent un cri du cœur pour que le temps d’enseignement dont ils disposent permette de se consacrer davantage aux élèves qui en ont bien besoin en cette année de COVID-19. Au-delà des publicités gouvernementales bien léchées, le gouvernement doit donner un peu d’air à celles et ceux qui veulent continuer de répondre présents. C’est essentiel et incontournable.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ