Pourquoi tenter de diviser la profession?

21 août 2023

Alors que nous sommes aux prises avec une pénurie d’enseignantes et d’enseignants légalement qualifiés qui ne fait que s’aggraver à chaque rentrée scolaire, le ministre de l’Éducation a malheureusement trouvé le moyen de se mettre les pieds dans les plats en dévaluant le travail du personnel enseignant du préscolaire. Suggérer que leurs classes sont faciles et qu’on devrait en faire la porte d’entrée de la profession enseignante, c’est bien mal connaître leur réalité et celle de leurs collègues!

C’est d’ailleurs étonnant venant d’une personne qui était au Conseil des ministres lorsque le gouvernement Marois a pris la décision de déployer la maternelle 4 ans à temps plein. Avant l’arrivée au pouvoir de la CAQ, les classes n’étaient ouvertes que dans les milieux défavorisés, puisqu’on voulait donner un coup de pouce supplémentaire aux milliers d’enfants qui arrivaient à l’école avec des retards importants, souvent parce qu’ils n’avaient pas fréquenté un CPE ou un milieu familial subventionné. Même aujourd’hui, le ministre a une obligation légale de prioriser le développement de la maternelle 4 ans en milieux défavorisés. Tout cela pour dire que la tâche au préscolaire, ce n’est pas qu’une partie de plaisir!

J’entends l’intention du ministre de ne pas décourager les nouveaux enseignants et enseignantes en leur confiant des groupes plus difficiles. Dans les derniers mois, nous avons consulté 10 000 enseignants de tous les niveaux afin d’avoir un portrait de leurs classes et de leurs défis. La réalité, c’est que la moitié de leurs élèves présentent des difficultés importantes qui demandent beaucoup d’interventions de l’enseignant. Des classes dites faciles, il n’y en a plus tellement dans l’état actuel du réseau de l’éducation. D’ailleurs, les enseignants d’expérience sont de plus en plus nombreux à quitter la profession avant leur pleine retraite.

Monsieur le Ministre, vos déclarations sont suivies par des dizaines de milliers d’enseignantes et d’enseignants qui ont à cœur leur profession. Montrez-leur que vous les comprenez, que vous connaissez leur réalité et que vous êtes à leur écoute en améliorant les conditions d’enseignement.

Avec l’espoir que nous répondrons à leurs attentes par une négociation à la fois rapide et fructueuse,

Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ