On avance et on continue
24 novembre 2021
Voilà, nous avons maintenant une entente signée pour l’ensemble de nos conditions de travail. Nous tenions à vous remercier, car c’est d’abord et avant tout grâce à vous. Vous vous êtes engagés dans ces négociations et vous y avez mis de l’énergie malgré la situation sanitaire exceptionnelle qui vous en demandait déjà beaucoup. Bien sûr, on se rappellera d’entrée de jeu que c’est le gouvernement qui nous avait demandé de négocier en dépit de la pandémie, et qu’il a pris tout son temps pour le faire. Et, on va se le dire, il a cherché à régler au rabais en divisant les troupes. Mais vous n’êtes pas tombés dans le piège, et c’est tout à votre honneur.
Vous avez été audacieux et déterminés à améliorer significativement votre quotidien et celui de vos collègues. Vous nous l’avez clairement dit : vous étiez insatisfaits de la première mouture de la proposition sectorielle soumise quelques jours avant le déclenchement de notre première grève innovante. Celle-ci a, par ailleurs, atteint son objectif et a dérangé l’administration au plus haut point. Dans cette proposition, un problème majeur persistait : la lourdeur de la tâche. Le gouvernement s’est refermé sur ses positions dans le contexte où d’autres organisations avaient réglé dans la joie. Nous sommes donc allés au bout de l’exercice et avons fait plusieurs gains intéressants, mais nous restons clairement sur notre appétit. Ce n’est donc que partie remise pour alléger la tâche à tous les secteurs, surtout celle au primaire.
Malgré ce qui manquait et avant même les ajouts salariaux de juin dernier obtenus par la CSQ au bénéfice de l’ensemble des profs, certains y avaient vu une entente historique. C’est dommage. Le gouvernement attendra les enseignants de pied ferme aux prochaines négociations lorsque nous formulerons de nouveau nos demandes pour rejoindre la moyenne canadienne, parce que nous ne l’aurons pas encore atteinte. On ne peut clairement pas comparer les salaires que nous obtiendrons en avril 2022 à ceux de la moyenne canadienne de 2018-2019 établie par Statistique Canada, sans honnêtement penser que l’écart ne se creusera pas d’ici là.
Mais il y a autre chose : la problématique du maintien de l’équité salariale, un exercice sans cesse repoussé par le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT). Effectivement, les 5 300 plaintes formulées dans le cadre de l’exercice du maintien de l’équité 2015 ne sont pas encore réglées et le SCT n’a démontré, à ce jour, aucune volonté de le faire. Il a même refusé la conciliation en 2020. Il est pourtant clair que le personnel enseignant n’est pas reconnu à sa juste valeur. Le rattrapage salarial dont plusieurs viennent de bénéficier est donc un pas que le gouvernement fait vers cette reconnaissance que nous nous battons pour obtenir depuis longtemps. En plus de ne pas régler les dossiers en retard, il repousse les délais et les échéances pour l’exercice du maintien 2020!
Nous avons tout de même fait des avancées sur le plan salarial qu’il nous faut souligner. D’abord, il y a eu ce rattrapage salarial sectoriel du côté de la FSE, différent selon les échelons, puis les augmentations obtenues par la CSQ à la fin juin, dont tous les enseignantes et enseignants du Québec bénéficieront.
Les augmentations négociées du côté de la table centrale sont passées de 5 % à 6 % entre notre entente sectorielle en FSE et la conclusion de nos efforts collectifs à la table centrale de la CSQ. C’est cette augmentation supplémentaire de 1 % qui a fait passer le salaire maximum des enseignants de 91 132 $ à 92 027 $, soit un gain direct de 895 $. Cela compense très largement le 3e forfaitaire de 603 $ abandonné en échange. Cette poursuite de la négociation aura également permis à nos collègues du soutien et à nos collègues professionnels d’aller chercher des rattrapages salariaux qui viendront contribuer à l’ajout de ressources pour nous appuyer dans notre travail.
Et, contrairement à un forfaitaire unique, l’augmentation vient majorer nos échelles salariales pour l’avenir. Ainsi, dans 10 ans, si l’on calcule des augmentations de 2 % par année, l’effet de ce 1 % supplémentaire entraînerait un gain de près de 10 000 $ dans les poches des membres qui sont déjà à l’échelon maximal.
Pour une recrue qui a commencé en 2020, qui cheminera dans l’échelle et restera en emploi pour 30 ans, cela représente un gain total sur sa carrière estimé à plus de 26 300 $.
L’autre avantage d’avoir misé sur une augmentation de salaire plutôt que sur un forfaitaire, c’est qu’elle vient influencer le niveau de la rente de retraite. Ainsi, grâce au 1 % de plus, un enseignant qui prend sa retraite en décembre 2025 devrait voir sa rente majorée de plus de 500 $ par année (sur la base de 30 ans de carrière ou 60 %).
Il est donc évident que c’était très rentable de poursuivre les pourparlers, même si nos objectifs n’ont pas tous été atteints. Nous avons une pensée pour nos collègues du Nord-du-Québec, qui sont toujours en négociation. Il est dommage de constater que même si les besoins des élèves et des enseignants des commissions scolaires crie et Kativik sont urgents, le gouvernement n’est pas pressé de s’y attarder. C’est un retard devenu tout simplement injustifiable.
Merci aux négociateurs de la FSE et de la CSQ, dont l’expérience et le professionnalisme ont fait toute la différence. Merci surtout à vous, que nous représentons fièrement. Vous avez honorablement poursuivi le combat, alors que d’autres se sont placés à la remorque de votre travail et de votre mobilisation. Ainsi, retroussons-nous les manches et continuons sur notre lancée, car il y a des enjeux que le gouvernement ne peut plus ignorer.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ
Luc Gravel, vice-président de la FSE-CSQ