Négociations dans le secteur de l’éducation

9 novembre 2004

défaut de savoir, il faut supposer

Québec, le 9 novembre 2004 – Malgré l’impatience des enseignantes et enseignants pour enfin connaître le détail des positions de la partie patronale, cette dernière n’a toujours pas démontré de réelle volonté de s’engager dans la négociation, qui place pourtant les services aux élèves au cœur des priorités et des revendications des enseignantes et enseignants.

Déçus par cette inaction, ces derniers ont adopté un cadre stratégique pour pousser la partie patronale vers une véritable négociation. Ainsi, la FSE a réparti son action en trois phases, dont la dernière prend fin en juin 2005. « L’éducation doit être une priorité pour ce gouvernement. Malheureusement, cela ne se reflète pas à la table de négociation puisque nous ne savons presque rien de l’offre qui nous est faite. Pendant que la partie patronale meuble les rencontres avec de beaux discours vertueux, les élèves et le personnel enseignant sont laissés-pour-compte dans les salles de classe. Ça ne peut plus durer », a déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE.

Devant le manque de précisions de la partie patronale, la FSE a décidé d’interpréter elle-même la maigre offre patronale de douze pages qui lui a été faite (incluant deux pages de table des matières), offre floue et imprécise qui permet à la fois tout et son contraire. Cette interprétation est disponible sur le site de la FSE au www.fse.qc.net, sous la rubrique Au cœur de notre négo.

On y découvre, par exemple, que la partie patronale parle de gestion plus efficiente des services aux élèves, mais son but semble être de faire disparaître la catégorie des élèves à risque, qui inclut les élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage ou des troubles du comportement. Le résultat d’une telle modification serait notamment qu’il y aurait encore moins de dépistage précoce des difficultés d’apprentissage des élèves dans les écoles, donc moins de soutien. Pour la partie patronale, la solution serait l’adaptation de l’enseignement et l’intégration sans appui, ce qui veut tout simplement dire moins de services pour les élèves, moins de dépenses pour les commissions scolaires et une mission impossible relevant de la pensée magique pour les enseignantes et enseignants.

Jugeant à partir du « dépôt » et des discussions avec les représentants de la partie patronale concernant la marge de manœuvre, la FSE constate la volonté patronale de déréglementer le nombre d’élèves pour la formation des groupes, avec tout ce que cela suppose comme perte de contrôle sur la garantie du respect des ratios, donc des services à apporter aux élèves.

On peut lire également dans cette interprétation que, pour la formation professionnelle, la partie patronale souhaite ne plus avoir l’obligation de respecter la liste de rappel du personnel enseignant dans le cas de la formation sur mesure. La FSE comprend que la partie patronale veut ainsi accorder aux entreprises la liberté de sélectionner arbitrairement le personnel qui dispensera la formation.

« À défaut d’avoir des offres détaillées, nous sommes tenus d’interpréter des orientations encore trop vagues, et ce que nous y décodons ne va pas du tout dans le sens du développement positif et harmonieux de l’éducation au Québec. Nous demandons donc à la partie patronale de nous donner l’heure juste, à défaut de quoi nous devrons, avec raison, supposer encore plus de dégâts en éducation », a conclu Mme Johanne Fortier.

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) est une organisation formée de l’ensemble des syndicats d’enseignement des commissions scolaires francophones du Québec. Elle représente environ 80 000 enseignantes et enseignants à l’éducation préscolaire, à l’enseignement primaire et secondaire de même qu’aux secteurs de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle. La FSE est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).


Source :

Sylvie Lemieux
Attachée de presse de la FSE
(418) 649-8888, poste 3151