Négociations à la table des enseignantes et enseignants

12 janvier 2005

Les intentions patronales, une réalité qui dépasse la fiction

Québec, le 12 janvier 2005 – Après 41 rencontres de négociation et toujours en l’absence d’un dépôt patronal, les enseignantes et enseignants des commissions scolaires du Québec, représentés par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), ont pu constater que les intentions présentées par la partie patronale à la table de négociation sectorielle allaient bien au-delà des pires scénarios qu’ils avaient imaginés.

« La vision qui se dégage des positions patronales est bassement administrative et ne place en rien l’élève au centre des préoccupations de l’école, ni l’éducation au cœur des priorités gouvernementales. Pour la partie patronale, il est évident que les élèves représentent du financement par « tête de pipe » et que le personnel enseignant n’est qu’une donnée administrative à rentabiliser, un citron qu’on presse jusqu’à ce qu’il n’ait plus de jus. C’est à la fois désolant et inacceptable » a déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE. En effet, les enseignantes et enseignants, qui connaissent maintenant quelques éléments que la partie patronale met de l’avant, décrient tous les importants reculs qu’on veut leur faire subir, notamment avec une augmentation importante de la charge de travail et de la précarité, et dénoncent l’absence de priorité accordée aux élèves.

Élèves en difficulté : moins de services, donc moins de dépenses

Pour les enseignantes et enseignants, l’amélioration des services offerts aux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) est au cœur même de la présente négociation. Pour cette raison, la FSE déplore que les négociateurs pour la partie patronale proposent plutôt de diminuer les services offerts à ces élèves en limitant l’encadrement des services aux élèves et le soutien aux enseignantes et enseignants à la politique locale, tout en s’en remettant pleinement à la gestion des directions d’école. La FSE souhaite rappeler que le rapport de la Vérificatrice générale de juin 2004 mettait justement en lumière les disparités de services offerts au palier local et l’absence d’information disponible quant à la quantité et la qualité des services offerts aux élèves en fonction de leurs besoins.

De plus, la volonté patronale est de restreindre encore davantage le nombre de catégories d’élèves en difficulté, de retirer l’obligation formelle d’identifier des élèves et préciser que les délais d’intervention sont à titre indicatif seulement. Ces modifications auraient pour conséquence que les élèves en difficulté ne recevraient tout simplement plus les services auxquels ils ont droit puisqu’un flou magistral règnerait quant au suivi à accorder à chacun des enfants.

La FSE tient à rappeler qu’elle demande de limiter le nombre d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage intégrés dans un groupe et préconise l’ajout d’enseignantes et d’enseignants en orthopédagogie, tout en accordant un financement en fonction des besoins réels et une enveloppe dédiée aux services aux EHDAA.

L’éducation, une responsabilité d’État

La FSE constate que le gouvernement souhaite réduire les dépenses en éducation en réduisant les services offerts aux élèves et en attribuant aux enseignantes et enseignants une tâche encore plus imposante, dans le contexte même de l’implantation de la réforme. « Parce que nous avons la réussite à cœur, j’invite la partie patronale à revoir de manière lucide ce qu’elle nous propose. Il n’est dans l’intérêt d’aucune société de sacrifier la réussite des élèves au profit d’une plus grande efficience de gestion. Ce gouvernement s’apprête à laisser des milliers de jeunes de côté et à essouffler au-delà de toute commune mesure les enseignantes et enseignants du Québec. L’éducation est une responsabilité d’État et, à ce titre, le gouvernement doit respecter ses mandats. Il en va de son héritage politique », de conclure Mme Fortier.

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) est une organisation formée de l’ensemble des syndicats d’enseignement des commissions scolaires francophones du Québec. Elle représente environ 80 000 enseignantes et enseignants à l’éducation préscolaire, à l’enseignement primaire et secondaire de même qu’aux secteurs de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle. La FSE est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

 

Source :

Sylvie Lemieux
Attachée de presse de la FSE-CSQ
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