Négociation pour les enseignantes et enseignants

2 décembre 2005

La FSE répond aux comités de parents

Québec, le 2 décembre 2005. – La Fédération des syndicats de l’enseignement, interpellée hier dans une lettre publique, en même temps que le ministre de l’Éducation, vient de faire parvenir la réponse qui suit à la présidente de la Fédération des comités de parents du Québec.

Madame Diane Miron, présidente

Fédération des comités de parents du Québec

Madame la Présidente,

J’accuse réception de votre lettre où vous souhaitez que soit retiré de l’objet de la négociation entre le gouvernement, les commissions scolaires et les syndicats de l’enseignement  » tout ce qui concerne directement les conditions de réussite des élèves « .

Je ne vous surprendrai pas, je crois, en rejetant tout de go vos prétentions à l’effet que ces matières devraient être discutées à une autre table, où se retrouveraient, entre autres, les parents, les directeurs d’école et autres  » dirigeants du réseau scolaire « .

Votre proposition contient de nombreux éléments qui la discréditent. Elle repose sur la croyance qu’il y a une ligne bien définie entre les conditions de travail des enseignantes et enseignants et les conditions de réussite des élèves. Nous sommes persuadés du contraire et cette conviction se traduit dans notre revendication. Par exemple, le nombre d’élèves moyen ou maximal qui peuvent se retrouver dans une classe a une influence certaine sur les conditions de travail du professeur qui en est chargé, comme il influe de façon déterminante sur les conditions d’apprentissage des élèves qui en font partie.

Une classe à 20 ou à 35 élèves ne se gère pas de la même façon, et les élèves qui la composent ne reçoivent pas la même attention.

Vous parlez des services pour les élèves en difficulté, et des avancées financières du gouvernement, en suggérant d’en dessaisir les parties actuelles. Nous prétendons que la composition des classes, avec une intégration de plus en plus massive d’élèves en difficulté, sans les services adéquats à l’élève, souvent, ni sans le soutien nécessaire aux enseignantes et enseignants, façonne à la fois les conditions d’exercice de la profession et les conditions d’apprentissage des élèves.

Vous nous dites aussi ne pas vouloir restreindre le droit des syndiqués de négocier leurs conditions de travail et une juste rémunération, mais c’est exactement ce que votre proposition accomplirait. Même sur la question salariale, qu’on pourrait trouver facile à ranger du côté des strictes conditions de travail, il nous semble que le niveau de rémunération doit bien avoir une certaine influence sur la qualité des personnes que la profession va attirer ou non, et que cette qualité doit bien rejaillir sur la qualité des services offerts aux élèves. Faudrait-il en dessaisir les parties, au nom de quoi ?

Je vous rappellerai seulement le différend qui nous a opposés au gouvernement en 1996-1997. Pour résoudre des problèmes de déficit, le gouvernement avait voulu, par voie législative, imposer des réductions d’effectifs draconiennes dans tous les réseaux. On sait les effets de ces coupes chez les infirmières et les ratés importants qui en ont résulté, notamment l’augmentation de la charge de travail et l’allongement des listes d’attente. Dans l’éducation, nous avons refusé d’assouplir les règles de formation des groupes, ce que proposait le gouvernement, et préféré atteindre les objectifs d’économie en acceptant de sabrer dans nos conditions de travail. Nous avons ainsi réussi à maintenir le niveau de l’emploi et la qualité des services offerts, en préservant la balise du maximum d’élèves par classe.

Faut-il une démonstration plus éloquente que les syndicats et les conventions collectives peuvent constituer un rempart efficace contre la volonté des administrateurs et des politiciens de réduire le niveau des services ?

Depuis quelques années, les commissions scolaires ont commencé à systématiser les dépassements du nombre maximal d’élèves permis par classe. Dans l’actuelle négociation, un des enjeux est de tenter de limiter au minimum ces dépassements, ce qui a un effet sur les professeurs, mais aussi sur les élèves dont vous êtes les parents.

Nous comprenons votre irritation à certains de nos moyens de pression, autre que la grève légale, mais nous aurions cru que des moyens de pression plus légers, que nous exerçons depuis un an auraient pu faire fléchir le gouvernement et les commissions scolaires, sans priver les enfants de la formation.

Par contre, nous souhaitons voir une participation active des parents au système éducatif. Il y a déjà les conseils d’établissement, où votre vote peut être déterminant, il y a la Table de pilotage de la réforme, et il peut y avoir d’autres forums. Les parents d’enfants en difficulté sont aussi appelés à participer activement au plan d’intervention mis en place pour l’élève. Mais nous ne croyons pas que les parents doivent s’immiscer dans le processus de négociation des conditions de travail, certainement pas de la façon que vous proposez.

Vous confessez enfin un souci de neutralité dans le conflit en cours. Nous vous rappelons que votre participation active à la conférence de presse ministérielle de septembre 2005 a contribué à miner cette crédibilité auprès de beaucoup de nos membres.

J’espère, Madame Miron, que nous pourrons trouver un forum, un lieu de discussions qui vous permettra de mieux faire valoir la voix des parents. La Coalition pour réussir l’école aurait pu en être un. C’est vous qui avez souhaité que cette coalition soit plus discrète en temps de négociation, un souhait que nous avons respecté.

 

 

Johanne Fortier, présidente

Fédération des syndicats de l’enseignement

c.c. Jean-Marc Fournier, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport

 

Pour information : Jean Laporte, attaché de presse de la FSE

418-563-7193 (cell.)