L’évaluation du personnel enseignant
27 février 2001
En éducation, comme ailleurs : évaluer les services, pour les améliorer
Québec, le mardi 27 février 2001 – Réagissant très vivement aux nouvelles déclarations du ministre de l’Éducation sur sa volonté affirmée d’évaluer les enseignants, notamment par le biais des plans de réussite pour les établissements, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Johanne Fortier, a déclaré : « Cette nouvelle sortie du ministre pourrait bien être celle qui entraînerait une désaffection irréversible des enseignantes et enseignants au plan Legault sur la réussite éducative ».
La Fédération des syndicats de l’enseignement, tout comme le Conseil supérieur de l’éducation, a souvent rappelé que la réussite éducative dépendait de tout un ensemble de facteurs, à commencer par un financement adéquat. Les déclarations du ministre veulent par la bande faire porter sur le seul personnel enseignant l’odieux fardeau de l’échec scolaire; et cela autant la FSE que la CSQ ne l’acceptent.
« Faut-il rappeler que le financement additionnel associé aux plans de réussite ne représente qu’un maigre 25 $ par année par élève, alors que ces dépenses per capita ont baissé de plusieurs centaines de dollars depuis 1993-1994. De 5804 $ en 1993-1994, les dépenses par élèves sont passées par un creux de 5419 $ avant de remonter à 5573 $ en 1998-1999. Le gouvernement est donc loin de consentir aux écoles les ressources qu’il lui a retirées ces dernières années. Il faut rappeler au ministre qu’à des objectifs ambitieux, il faut associer les sommes nécessaires », a précisé la présidente de la CSQ, Monique Richard.
Déjà la Fédération et la Centrale avaient exprimé des réserves sérieuses sur l’utilisation que le ministère pourrait être tenté de faire des plans de réussite qu’il impose dans chacun des établissements. Le ministre vient aujourd’hui de donner raison à leurs critiques les plus acerbes et forcer à partager leur cynisme. En confirmant que les plans de réussite pourront servir, selon lui, à la gestion du personnel, à la sanction d’éléments qui seraient jugés « pas assez passionnés », le ministre vient lui-même de discréditer le processus, et lui aussi par la même occasion.
Mme Fortier a rappelé la conclusion de sa lettre du mois d’octobre, sur l’évaluation institutionnelle : « Nous ne sommes donc pas contre l’évaluation [institutionnelle]. Nous nous opposons à toute forme stérile d’évaluation qui n’aurait pour fin que de trouver des boucs émissaires ou d’établir des palmarès sans aucune autre forme d’analyse ou sans les soumettre à l’interprétation qui, elle, se doit de tenir compte des facteurs environnants ou de la particularité de chacun des milieux. Une démarche utile d’évaluation doit viser l’amélioration de la réussite éducative ». Si ce précepte vaut pour les établissements, il doit aussi valoir pour la réussite des élèves et pour le travail enseignant. Autrement, ce sont les fondements même de la réforme qui deviennent malléables, au gré des discours ministériels.
Enfin, les deux présidentes posent une question très claire à M. Legault : « Combien de chantiers allez-vous encore ouvrir sans travailler à les terminer? Après les modes d’évaluation, le diplôme de secondaire 3, l’anglais au primaire, l’examen national après la 6e année, le redoublement, avec quelle nouvelle idée vous lèverez-vous demain matin? Le personnel enseignant tente de réaliser quotidiennement une réforme de l’éducation difficile et avec très peu de moyens. N’ont-ils pas au moins droit à ne pas se voir mettre des bâtons dans les roues par celui-là même qui s’en fait le grand promoteur?
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Pièce jointe (Lettre de Johanne Fortier, en septembre 2000, sur l’évaluation institutionnelle En éducation, comme ailleurs : évaluer les services pour les améliorer.)