Les enseignantes en action pour l’équité salariale

2 octobre 2001

Une manifestation nationale à Québec, le 20 octobre

Québec, le 2 octobre 2001. — Les enseignantes et enseignants de la Fédération des syndicats de l’enseignement seront invités à participer à une manifestation nationale à Québec, le 20 octobre, pour influer sur les décisions que le gouvernement doit prendre dans leur dossier d’équité salariale, à un mois de l’échéance que la loi fixe aux employeurs pour avoir réalisé cette équité.

Les membres de la FSE, à l’emploi des commissions scolaires francophones du Québec, seront aussi appelés d’ici là à échanger et à débattre de ce qui devrait constituer une riposte appropriée à l’entêtement du gouvernement à ne pas reconnaître toute la durée de leur travail. Les éléments soumis à leur réflexion vont de la participation passive aux rencontres convoquées par les directions scolaires à une journée d’étude nationale. Une réunion spéciale du Conseil fédéral, au lendemain de la manifestation,décidera des propositions concrètes d’action qui seront soumises aux assemblées générales qui se tiendront dans les semaines des 22 et 29 octobre. Pour la présidente Johanne Fortier : «Rien n’est exclus pour l’instant».

Le temps presse…

À cinquante jours de l’échéance du 21 novembre, date que le législateur a fixé pour que soit réalisée l’équité salariale au Québec, le dossier des enseignantes traîne de la patte. Malgré des travaux en comités et sous-comités, les parties n’ont toujours pas convenu de la valeur à donner à six des seize facteurs de mesure de la valeur de l’emploi. L’employeur s’appuie sur ses prétentions pour considérer que le rangement 20 serait suffisant, alors que la partie syndicale a fait la démonstration que c’est le rangement 21 qui devrait être appliqué, sans équivoque.

Ce différend et un autre sur la définition de la catégorie d’emploi entraînent que les enseignantes sont avec les infirmières bachelières, une des deux catégories d’emploi des secteurs public et parapublic à n’avoir pas fait l’objet d’un « rangement » par l’employeur gouvernemental.

La durée…

Mais un troisième écueil vient hypothéquer le dossier des enseignantes. Parce que toutes les heures de travail ne sont pas prévues à la convention collective de travail, l’employeur a voulu vérifier la durée du travail enseignant, pour s’assurer que les enseignantes et enseignants faisaient au moins autant d’heures que leurs collègues auxquels on devait les comparer pour ajuster leur rémunération. Une enquête conjointe avait été menée… il y a déjà cinq ans. Après avoir contesté la méthode, les résultats et leur analyse, après avoir écouté plusieurs experts, le gouvernement est bien obligé de convenir de la valeur de cette enquête et de l’exactitude de ses résultats.

Néanmoins, le ministère de l’Éducation persiste à vouloir minorer l’importance de la durée du travail enseignant et n’accorder qu’une rémunération à 90 %, prenant maintenant prétexte que le temps réellement effectué n’est pas toujours nécessaire. Il se montre « créatif » en développant un nouveau concept en équité salariale, celui du temps « que ça devrait prendre pour faire le travail », qui deviendra la base de la rémunération. Exemple : les parties ont mesuré qu’en moyenne les enseignantes et enseignants passaient 27 heures dans l’année en rencontres avec les parents. Pour le MEQ, cette partie de la tâche devrait se faire en 20 heures, soit une économie de 26 % du temps reconnu et une diminution équivalente de la rémunération éventuelle.

Pour la présidente de la FSE, Johanne Fortier : « … il est inconcevable, qu’à moins de deux mois de l’échéance qu’il s’est fixée, le gouvernement continue d’ergoter pour ne pas vouloir reconnaître que l’enseignement est un travail à temps plein, ce que tout le monde sait, ce que tout le monde constate. Prétendre que les enseignantes ne devraient mériter que 90 % de la rémunération de collègues masculins qui font des tâches prouvées équivalentes, c’est une attitude insultante et méprisante pour toutes les femmes qui enseignent, pour tous leurs collègues masculins qui font le même métier.»

L’opération « facturation »

Pour prouver une fois de plus la justesse de leur revendication au chapitre de la durée, les enseignantes et enseignants sont à mesurer, ces jours-ci, la durée de leur travail, pour la comparer au « temps requis » qui deviendrait le temps reconnu par le gouvernement en lien avec la rémunération. L’excédent sera converti en facture symbolique et présenté aux diverses administrations scolaires. Le résultat national sera dévoilé dans la semaine précédant la manifestation du 20 octobre.

En invitant toutes les enseignantes et enseignants du Québec à se solidariser autour du plan d’action des syndicats de la FSE, Mme Fortier conclut en disant que le dossier des enseignantes constitue un vrai test pour le gouvernement et pour la loi de l’équité salariale. « Si les enseignantes, avec leurs effectifs importants et le fait qu’elles sont très majoritairement syndiquées, ne peuvent obtenir une rémunération juste, non discriminatoire, malgré la loi « la plus progressiste du monde » (sic), nous ne pourrons conclure autrement que ce gouvernement ne respecte pas ses engagements, et qu’il ne tient que des discours creux et cyniques. Nous ne croyons pas qu’il ait ces moyens et nous souhaitons qu’il nous entende d’ici le 21 novembre. »

Pour informations :

Jean Laporte
418-649-8888 (bureau)