Le travail doit se poursuivre
25 juin 2016
Depuis un an et demi, nous avons mené une grande lutte avec le gouvernement pour le renouvellement de la convention collective nationale des enseignantes et enseignants du Québec. La semaine dernière, ce travail s’est achevé par la signature officielle des textes.
Au cours de cette négociation, nous avons fait face à l’austérité, mais surtout à une grande fermeture idéologique à l’endroit des travailleurs et des syndicats. Nous n’avons certes pas obtenu tout ce que nous méritions, mais nous ressortons de cet exercice la tête haute, fiers de ce que nous avons accompli : nous sommes parvenus à améliorer nos conditions de travail après avoir réussi à contrer les odieuses demandes patronales de récupération. Nous avons la profonde conviction d’être allés au bout de la négociation, et nous sommes conscients que le travail doit se poursuivre par d’autres voies, comme celle du maintien de l’équité salariale. Grâce à l’extraordinaire mobilisation du personnel enseignant et à l’appui de nombreux parents et personnalités publiques, nous avons fait la démonstration que les besoins sont réels et immenses dans les salles de classe. Nous avons forcé le gouvernement à remettre l’éducation publique à son agenda. Bravo! Reste maintenant à voir ce qu’il en fera, car il y a urgence de prêter main forte aux enseignantes et enseignants et au personnel du réseau.
Cette urgence d’agir est la conséquence de plusieurs années de dérives autoritaires au cours desquelles le personnel de l’éducation n’a jamais été associé aux grandes décisions et autres réformes de notre système. Elle vient aussi du milliard de dollars coupé dans le réseau, qui a affecté directement les services aux plus vulnérables. Enfin, elle vient de changements mal planifiés, inadéquatement appuyés, qui ont complexifié la nature même de la tâche des enseignantes et enseignants au fil des ans. De nouvelles façons de faire, des politiques, des plans, des responsabilités, mais pas de nouvelles ressources pour y arriver. On nous demande d’en faire beaucoup plus avec nettement moins.
Par ailleurs, chevauchant temporellement la fin de la négociation, le Conseil du trésor évaluait la profession enseignante dans le cadre du maintien 2015 de l’équité salariale. Sans surprise, il a répondu qu’il n’y avait aucun changement significatif dans la tâche des enseignantes et enseignants depuis le 1er janvier 2011. Nous en avons immédiatement informé le personnel enseignant.
Au terme de plusieurs étapes, et malgré cette bureaucratie lourde et fastidieuse, ce sont plus de 5 600 enseignantes et enseignants de la FSE et de l’APEQ qui ont déposé formellement des plaintes à la CNESST pour contester l’évaluation faite par le Conseil du trésor. Ensemble, nous exigeons une nouvelle évaluation pour tenir compte des changements survenus dans la profession enseignante afin qu’elle soit reconnue à sa valeur juste et équitable, et, conséquemment qu’elle atteigne un rangement supérieur. Plus de 5 600 plaintes d’enseignantes et d’enseignants, c’est énorme! C’est là un message très clair, un vibrant plaidoyer qui démontre la complexification de la tâche et l’ajout de responsabilités aux profs. Les changements affectant notre profession ont été nombreux : gestion axée sur les résultats, modèle RAI, tableaux blancs interactifs et nouvelles politiques, pour ne nommer que ceux-là.
Si je ne connais pas toutes les surprises que nous réserve ce gouvernement, je sais qu’ensemble nous occuperons toutes les tribunes, toutes les plates-formes, tous les chemins, toutes les avenues pour faire valoir notre point de vue, pour faire respecter notre autonomie et pour faire reconnaître notre expertise. Le combat se poursuit. Le gouvernement nous entendra.
Mais d’ici là, je nous souhaite à toutes et à tous de belles et bonnes vacances. Merci pour votre engagement et pour tout le travail accompli cette année, tant auprès de vos élèves que pour la défense de notre système d’éducation public. Soyons fiers de préparer l’avenir!
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE