Le rôle essentiel de la formation professionnelle

20 mai 2016

Monsieur le Ministre,
Nous sommes très nombreux à avoir vu passer, au cours des derniers jours, votre déclaration dans La Presse+ du samedi 14 mai : « Tu peux aller à la formation professionnelle parce que, pour toutes sortes de raisons, ton potentiel ne t’amènera pas à faire de grandes études pour gagner un prix Nobel ou aller à l’enseignement supérieur. »
Je me permettrai de vous dire que c’est franchement une grave erreur de penser ainsi. C’est là l’expression même d’un préjugé que nous voulons justement contrer et qui nuit grandement au développement de la formation professionnelle et à la valorisation de milliers de gens de métier formés dans nos centres.

D’entrée de jeu, parce qu’il sait que ce préjugé est tenace, le Parti libéral du Québec propose de s’y attaquer. Ainsi, dans la résolution-cadre 10.1, il est essentiellement proposé que le gouvernement combatte les préjugés pouvant être associés à la formation professionnelle et technique en faisant mieux connaître les perspectives de carrière liées à ces formations.
Je veux surtout vous dire que ce préjugé n’est pas fondé.
D’abord, 50 % des élèves en formation professionnelle ont déjà un diplôme d’études secondaires (DES) et plus du tiers sont déjà passés par le collégial. Non, ce n’est pas une voie d’évitement, loin de là. C’est souvent la voie de ceux qui se découvrent une passion et qui en font une carrière.
Ainsi, j’apprécie le professionnalisme de celles et ceux qui construisent des avions, des gratte-ciel au centre-ville, des trains. J’ai une confiance aveugle en leur précision. Quand l’avion décolle, je sais que l’agente de régulation de vol a eu une formation rigoureuse.
Le préposé aux bénéficiaires et l’infirmière auxiliaire qui prennent soin des membres de ma famille qui sont hospitalisés valent leur pesant d’or et leur expertise doit être reconnue. Tout comme les chefs dans les restaurants qui font notre renommée gastronomique dans le monde.
Je peux vous affirmer que nos mécaniciens sont formés en technologie de pointe, que mon plombier trouve toujours une solution et que ma fleuriste m’impressionne. J’ai par ailleurs une confiance absolue envers les secrétaires qui m’entourent pour gérer plusieurs éléments de la vie professionnelle et administrative de la FSE. Elles sont précieuses et essentielles au bon fonctionnement de notre organisation et, j’espère, de la vôtre.
Les exemples pourraient continuer. En fait, nous nous reposons entièrement sur les gens de métier, car non seulement ils sont très qualifiés, mais ils sont, surtout, très compétents, intelligents et créatifs.
Dans les années 1980, le gouvernement libéral de l’époque a rehaussé la valeur des diplômes d’études professionnelles (DEP). Le modèle québécois de formation professionnelle est aujourd’hui exporté dans de nombreux pays. C’est une formation pratique exigeante qui permet le développement de compétences par un enseignement de qualité. Rappelons que le Québec a fait le choix de se donner des enseignantes et enseignants de haut niveau en formation professionnelle. D’un côté, ils sont des travailleurs experts de leur métier, de l’autre, ce sont des spécialistes de la pédagogie qui suivent une formation universitaire en enseignement de quatre années.
Pour valoriser la formation professionnelle et pour combattre les préjugés à son endroit, il faut d’abord et avant tout prendre le temps de bien la connaître. Nous nous sommes dotés d’un réseau d’enseignement professionnel de qualité qui permet à tout un éventail de personnes de se former dans près de 200 métiers différents. La croissance de ce secteur du réseau de l’éducation est un enjeu prioritaire pour l’avenir économique et social du Québec, ce qui implique une valorisation des personnes qui y étudient et y travaillent.
Les portes de nos centres vous sont ouvertes, Monsieur le Ministre. Venez les visiter. Ce que vous y découvrirez vous épatera, tout simplement.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE