L’avis du CSE sur les projets pédagogiques particuliers au secondaire
19 avril 2007
Des constats souvent justes, mais des solutions parfois utopiques
Montréal, le 19 avril 2007 — Le dernier avis du Conseil supérieur de l’éducation sur les projets pédagogiques particuliers contient un certain nombre de constats que les syndicats de l’éducation peuvent partager sans réserve, mais les solutions préconisées pour remédier aux problèmes soulevés semblent parfois relever de la pensée magique et suscitent un scepticisme certain sur leur pertinence.
C’est l’essentiel du message que la Centrale des syndicats du Québec, conjointement avec deux de ses regroupements de l’éducation, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et la Fédération des professionnelles et professionnel de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) avaient à livrer aujourd’hui en réaction à cet avis.
Des constats heureux
Pour Johanne Fortier, de la FSE, le Conseil supérieur de l’éducation a raison d’attirer l’attention sur les écueils qui guettent le foisonnement de l’offre pour les projets particuliers. Leur caractère trop souvent sélectif favorise l’exclusion et le rejet des jeunes qui avaient manifesté leur intérêt, mais dont la candidature n’a pas été retenue. L’écrémage des classes ordinaires au profit des projets sélectifs a un effet négatif bien réel, d’autant qu’il est jumelé, selon la FSE, à une intégration de plus en plus lourde d’élèves en difficulté. La concurrence est aussi déloyale entre l’école publique et l’école privée qui ne fait pas sa part dans l’intégration des élèves en difficulté. « Nous sommes heureux que le Conseil supérieur de l’éducation partage ces constats et notre analyse de la situation, ajoute Mme Fortier, mais nous ne croyons pas que la réforme de l’éducation, en soi, ou la différenciation de l’enseignement constituent des façons efficaces de régler les problèmes. »
Des constants moins heureux… même inquiétants
Réjean Parent, président de la CSQ, souligne que ce sont plus que des dérives qui guettent la multiplication des projets particuliers sélectifs. « Ce n’est pas de risques dont il est question, mais bien plutôt d’effets pervers bien réels et observables que nous dénonçons et qui ont de graves conséquences sur l’égalité des chances de réussite à l’école », mentionne M. Parent.
Le président de la CSQ déplore également que le CSE se soit attardé à considérer la diversification pédagogique vers le haut, pendant que vers le bas on procède à une intégration tous azimuts des élèves, à un tel point que l’on assiste à une perte de sens de la classe ordinaire. « La classe ordinaire est de plus en plus affectée par cette volonté d’intégration à tout prix et l’on ne prend malheureusement pas le temps d’évaluer les conséquences de cette façon de faire », déplore M. Réjean Parent.
Une recommandation fait particulièrement réagir le président de la FPPE, M. Jean Falardeau, soit celle disant qu’il faut réaffirmer et soutenir publiquement et politiquement la mission sociale et la mission d’intégration de l’école secondaire et lui donner les moyens de remplir cette mission. « Cela est possible uniquement à la condition que les enseignants reçoivent l’appui de professionnels de l’éducation en nombre suffisant, ce qui est loin d’être le cas présentement », déplore M. Falardeau.
D’importantes mises en garde
La CSQ, la FSE et la FPPE tiennent également à apporter un bémol sur l’affirmation du CSE voulant que les orientations ministérielles favorisant l’intégration des élèves à risque, des élèves handicapés et des élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage soient un puissant facteur d’hétérogénéité scolaire. « Ce n’est plus vrai si l’on a auparavant exclu les meilleurs élèves de la classe comme c’est trop souvent le cas actuellement. En agissant ainsi, on rabaisse malheureusement le niveau de la classe au détriment des autres élèves », expliquent les trois dirigeants syndicaux.
Même crainte lorsque le CSE omet les orientations de la réforme d’une diversification avec orientation vers l’emploi immédiatement après la deuxième secondaire. Les représentants syndicaux craignent que cela ait un impact négatif sur la classe et les élèves, un impact qui est sous-estimé par le CSE.
Les présidents de la CSQ, de la FSE et de la FPPE sont également sceptiques sur la volonté de privilégier l’axe local dans la gestion et la régulation de l’offre de projets pédagogiques particuliers. Ils croient plutôt que le ministre de l’Éducation doit continuer à assumer ce rôle majeur. Quant à l’orientation proposant de miser sur la complémentarité des deux réseaux d’enseignement, public et privé, les leaders syndicaux croient qu’il faut prendre le temps de bien mesurer les impacts possibles d’une telle approche.
Rejet unanime et ferme du concept de douance
En terminant, les dirigeants syndicaux dénoncent d’une seule voix la proposition du CSE d’offrir des services adaptés aux élèves reconnus comme étant doués. « Nous rejetons fermement un tel concept de douance qui frise l’eugénisme. Il faut plutôt trouver des façons pour aider chaque élève à tirer le maximum de sa fréquentation de l’école publique. L’école va mieux réussir et sera meilleure si c’est l’école de tout le monde et que tous peuvent s’entraider », concluent-ils.
Profil de la CSQ
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente 175 000 membres, dont plus de 120 000 dans le secteur public, la grande majorité travaillant dans le domaine de l’éducation. Elle est présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
Profil de la FSE
La Fédération des syndicats de l’enseignement est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec. Elle est formée de la plupart des syndicats d’enseignantes et enseignants de commissions scolaires du Québec. Elle négocie en cartel avec l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec, son pendant vis-à-vis des commissions scolaires anglophones. Elle compte près de 70 000 membres.
Profil de la FPPE
La FPPE est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Elle est constituée de 21 syndicats affiliés représentant environ 5 700 membres répartis dans la majorité des commissions scolaires francophones, anglophones, Crie et Kativik du Québec.
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Le Conseil supérieur de l’éducation
Renseignements : Claude Girard Jean Laporte
Attaché de presse CSQ Attaché de presse FSE
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