La démocratie à bout de bras
28 septembre 2018
Au cours des dernières semaines, les enseignantes et enseignants de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) ont mené une importante campagne pour placer les principaux enjeux de l’éducation au cœur des discussions et des échanges électoraux. Nous l’avons fait avec succès en lançant le mouvement Pour l’École Publique (PEP), qui s’est rendu visible aux quatre coins du Québec.
Nous avons réussi notre pari malgré la prudence excessive du Directeur général des élections, parce que nous sommes convaincus que notre démarche non partisane nourrit un sain débat démocratique et incite les gens à aller voter, sans leur dire pour qui le faire. C’est là le but.
Mais les enseignantes et enseignants ont été déçus par l’écart existant entre les beaux discours et la réalité. Tous les partis ont dit réserver une place de choix à l’éducation. Dans les faits, il y a assez peu de mesures promises pour équilibrer la composition de la classe, pour alléger notre tâche trop lourde et trop complexe, et trop peu pour faire respecter notre autonomie professionnelle. Malheureusement, au terme de cette campagne, nous demeurerons les enseignantes et enseignants les moins bien payés au Canada. Les partis politiques ont d’ailleurs manqué un important rendez-vous avec le personnel enseignant à cet égard, et il faudra le leur rappeler.
Au cours des dernières semaines, nous avons assisté à une surenchère de promesses qui ne pourront probablement pas être réalisées faute d’argent disponible une fois l’élection passée. Nous avons aussi constaté un souci de plaire plus grand que celui d’améliorer la réussite, et déploré que des enjeux majeurs soient escamotés… Clairement, il y a de quoi alimenter le cynisme ambiant qui prévaut entre les murs des établissements scolaires et des centres. Souhaitons que ce cynisme ne décourage pas les enseignantes et enseignants d’aller déposer leur bulletin de vote dans l’urne le 1er octobre. Voter est un droit important et essentiel qu’il faut exercer et protéger.
Nous savons quels changements nous voulons voir s’opérer! Les profs ont une grande capacité d’analyse et toute la connaissance de la réalité terrain nécessaire pour décider quelle plate-forme est la plus intéressante pour répondre à leurs aspirations et aux besoins en éducation.
Nous portons la voix des enseignantes et enseignants tous les jours, mais dans le cadre d’une campagne électorale, il appartient à chacun de parler haut et fort, en posant des questions, en prenant sa place, en allant plus loin que les slogans et en bousculant les idées reçues. Nous encourageons d’ailleurs les profs à le faire. Sachez que nous poursuivrons inlassablement nos actions auprès du nouveau gouvernement pour revendiquer de meilleures conditions de travail et d’enseignement. Nous lui signifierons que les enseignantes et enseignants sont mobilisés et qu’en plus de porter l’éducation à bout de bras, ils ont aussi porté à bout de bras leur part de démocratie, si importante pour assurer plus de justice dans notre société.
Le 1er octobre, faisons toutes et tous une différence et allons voter pour l’éducation publique. Les enjeux sont trop importants pour l’avenir du Québec pour ne pas profiter de cette occasion de nous exprimer.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE