Examens du Ministère : le MEES doit en tirer des leçons
11 juin 2016
En regardant le ministère de l’Éducation travailler, on se dit souvent qu’il n’apprend pas de ses erreurs. On le constate une fois de plus cette semaine avec le cafouillage autour de l’épreuve obligatoire de mathématique de la 6e année. Le MEES vient juste de s’apercevoir que ça ne tournait pas rond. Il aura fallu une crise médiatique sur un soi‑disant bris de confidentialité pour qu’il se penche enfin sur la problématique de cet examen que nous dénonçons pourtant depuis des années.
En effet, s’il s’était donné la peine de nous écouter véritablement depuis le temps où l’on en signale les ratés, il aurait évité bien des maux de tête à pas mal de monde. Le problème est pourtant simple : l’examen de mathématique de 6e année est trop lourd et trop complexe, tant pour les élèves que pour le personnel enseignant qui doit l’administrer et le corriger.
Il y a une dizaine d’années, l’épreuve était mieux adaptée et ne posait pas problème. On parle maintenant d’un examen laborieux qui doit être rempli dans un délai qui serait nettement trop court pour des élèves en larmes qui vivent un haut degré de stress vu la difficulté de l’épreuve. Aucun enseignant ne veut voir ses élèves dans cet état. Qui plus est, les profs nous disent que c’est un examen déconnecté de la réalité des élèves et de ce qu’ils ont appris en cours d’année. Force est de constater que, malgré la volonté du MEES d’uniformiser les conditions de passation, il est administré de façon fort différente à plusieurs endroits, pour éviter de placer inutilement les élèves en condition d’échec au nom de consignes mal pensées et irréalistes.
Cet examen devra aussi être corrigé par les enseignantes et enseignants. On leur accorde une journée de libération, obtenue de longue lutte, pour la correction de l’ensemble des épreuves uniques de 6e année, c’est-à-dire non seulement pour les mathématiques, mais aussi pour le français, lecture et écriture. Une journée de libération, c’est clairement insuffisant. Pour rajouter à l’illogisme, dans certains milieux, cette journée est parfois accordée avant la passation des examens! C’est dire combien certains dirigeants ont une incompréhension totale du travail qui doit être accompli.
Les enseignantes et enseignants de 6e année doivent préparer leurs élèves pour ces examens en y mettant des bouchées doubles, entre tous les autres programmes, à travers l’anglais intensif, les projets particuliers et les sorties de fin d’année, et en tentant de répondre aux besoins des élèves devant eux, dont plusieurs en difficulté qui ne bénéficient pas de tous les services nécessaires. Ouf!
Cette année encore, ils se feront des pots de café tard le soir et sacrifieront leurs fins de semaine, paieront de leur qualité de vie personnelle ou familiale pour corriger un examen mal pensé dont une partie ne comptera même pas.
Ils ont pourtant pour mission de boucler la boucle du primaire, une tâche colossale accomplie avec brio, souvent au détriment de leur qualité de vie.
Nous continuerons donc de porter la voix des enseignantes et enseignants en exigeant les améliorations nécessaires. Nous voulons que le MEES apprenne de ses erreurs, sorte enfin de ses bureaux et écoute celles et ceux qui font l’école tous les jours plutôt que de s’entêter encore dans des chemins qui ne passent pas le test de la réalité.
Bref, il est temps que le MEES entende les enseignantes et enseignants et reconnaisse leur expertise.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE