Enquête de la FSE relative à la réforme de l’éducation
28 avril 2000
Les enseignantes et enseignants très inquiets face à la réforme, mais proposent une solution
Laval, 28 avril 2000 – La délégation du Conseil fédéral de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CEQ) a pris connaissance aujourd’hui des résultats d’une enquête maison portant sur certains aspects relatifs à la préparation du personnel enseignant pour la mise en place de la réforme de l’éducation en septembre prochain. De cette enquête, il ressort que, de façon générale, les enseignantes et enseignants ayant commencé à recevoir de la formation la considèrent insuffisante et inadéquate et qu’ils sont très inquiets face à l’application dans quelques mois de cette réforme.
En effet, dans seulement 10 % des commissions scolaires, on estime que la formation est suffisante pour l’ensemble du personnel selon la mise en application prévue pour l’automne. De plus, 50 % des enseignantes et enseignants ne recevront que 3 jours de formation et moins avant septembre prochain. Aussi, 68 % des répondants jugent la formation plus ou moins adéquate. Conséquemment, à la question posée aux syndicats à savoir si la mise en application du nouveau curriculum devait être reportée, 77 % d’entre eux ont répondu par l’affirmative.
« A l’analyse, il nous est apparu évident, au comité exécutif comme à la délégation du conseil fédéral, que le message de nos membres était très clair pour le gouvernement. Le personnel enseignant de se sent pas prêt pour la mise en place formelle de la réforme en septembre, mais il n’est pas contre cette réforme. Après discussions en instance, nous avons fait le choix d’exposer cette situation au gouvernement et de lui proposer une solution. Nous nous inscrirons donc dans la réforme, non pas dans l’application des programmes telle que proposée, mais dans un processus d’amorce qui nous engagera tous (enseignants, enfants, parents, commissions scolaires, établissements et gouvernement) dans une démarche menant à l’atteinte des objectifs fixés dans le délai de deux ans déjà prévu », a expliqué la présidente de la FSE-CEQ, Mme Johanne Fortier.
Suite aux décisions d’aujourd’hui, la Fédération fera donc connaître au ministère de l’Éducation la situation révélée par l’enquête et le sensibilisera à la nécessité d’ajuster la planification prévue dans l’application de la réforme. Elle revendiquera également auprès du MEQ et des commissions scolaires que l’année 2000-2001 en soit une de poursuite de l’appropriation et de l’expérimentation des programmes de l’éducation préscolaire et du 1er cycle du primaire. Toutefois, à ce chapitre, des paramètres très précis seront énoncés :
Accentuation de la formation sur les contenus des programmes et sur les approches pédagogiques et évaluatives.
Obligation pour les commissions scolaires et les directions d’établissements d’accorder des moments d’échanges entre les enseignantes et enseignants.
Expérimentation d’activités visant l’acquisition de compétences identifiées dans les programmes de formation, et ce dans le respect de l’autonomie professionnelle des enseignantes et enseignants.
Assurance d’un accompagnement et d’un soutien au personnel enseignant, notamment en fournissant les outils pédagogiques nécessaires.
« Afin de bien s’inscrire à long terme dans la réforme, nous estimons de plus que pour le 2e cycle du primaire, les activités d’appropriation et de formation devraient être mises en place dès la rentrée scolaire 2000-2001 », a précisé Mme Fortier.
Afin de s’assurer le plus possible du succès éventuel de la mise en place de la réforme et dans le but d’assurer une vigilance à l’égard de cette réforme, la FSE mettra sur pied un mécanisme de suivi et demandera au MEQ et aux commissions scolaires l’instauration d’un mécanisme paritaire au niveau national et au niveau local.
« Nous reconnaissons l’importance de la réforme et c’est pourquoi nous avançons une proposition pour favoriser la réussite de celle-ci. Il est primordial toutefois que le MEQ et le gouvernement comprennent où en sont les enseignantes et enseignants et les besoins qu’elles et ils ont dans le contexte actuel. Il faut surtout qu’ils reconnaissent qu’aucune réforme de l’éducation ne peut se faire sans l’ensemble du personnel enseignant », a conclu la présidente de la FSE-CEQ.
Note : l’enquête a eu lieu du 27 mars au 17 avril 2000 par un questionnaire transmis aux syndicats affiliés de la FSE. Au total, 26 syndicats, représentant le personnel enseignant de 34 commissions scolaires, ont retourné les questionnaires remplis.