Élections 2018: lettre de la FSE aux chefs des partis

12 septembre 2018

Québec, le 11 septembre 2018

Monsieur Philippe Couillard, premier ministre du Québec
Parti libéral du Québec – Bureau de Québec
Monsieur François Legault
Chef de la Coalition avenir Québec et député de L’Assomption
Monsieur Jean-François Lisée
Chef du Parti québécois et député de Rosemont
Madame Manon Massé
Coporteparole de Québec solidaire et députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques
Monsieur Gabriel Nadeau-Dubois
Coporteparole de Québec solidaire et député de Gouin
Monsieur Sébastien Proulx
Ministre de l’Éducation et député de Jean-Talon

Objet : Engagements électoraux de votre formation politique en éducation

Madame,
Messieurs,
Comme vous l’avez assurément constaté, les 65 000 enseignantes et enseignants que la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) représente sont actifs et engagés pour l’éducation. Voilà pourquoi ils souhaitent profiter de la période électorale pour inciter les candidates et candidats de tous les partis à placer l’éducation au cœur des échanges, ainsi qu’à l’avant‑plan des préoccupations du gouvernement que la population élira le 1er octobre prochain.
Si l’éducation était assurément au menu de la campagne lors de la rentrée des élèves, le mouvement Pour l’École Publique (PEP) que nous avons créé a pour mission de rappeler que ça ne doit pas s’arrêter là. Tout au long de septembre et de la campagne électorale, les enseignantes et enseignants voudront entendre vos engagements, ainsi que ceux des principaux partis, pour améliorer la situation, notamment :

  • Assurer une composition de classe équilibrée et des services suffisants pour tous les élèves, alors que ceux éprouvant des difficultés sont massivement intégrés à la classe dite ordinaire. Pourtant, la concurrence du privé et les très nombreux projets sélectifs retiennent justement les meilleurs élèves hors de cette classe dite ordinaire, la privant des bénéfices démontrés des classes hétérogènes. Comment comptez-vous améliorer la situation du système scolaire considéré comme le plus inégalitaire au Canada par le Conseil supérieur de l’éducation?
  • Reconnaître l’autonomie professionnelle et offrir une charge de travail respectueuse du personnel enseignant qui porte l’école à bout de bras. Les dernières années ont vu s’accumuler les compressions, amenant les enseignantes et enseignants à s’épuiser. De plus, ces derniers ont dû composer avec une série de décisions prises à la pièce, souvent précipitées, sans être consultés et sans égard aux conséquences sur leur charge de travail. Le système biaisé par une gestion axée sur les résultats statistiques exige un surplus de gestion administrative et d’évaluation, mais prive les enseignantes et enseignants de leur autonomie tout en remettant en cause leur jugement. Que proposez‑vous pour inverser la tendance et pour que le personnel enseignant ait une tâche acceptable, attrayante et respectueuse de son autonomie?
  • Accorder aux enseignantes et enseignants une rémunération à la hauteur du travail accompli alors qu’ils sont en tous points les moins bien payés au Canada. Considérant l’évolution et la complexification de leur tâche alors que le gouvernement n’en reconnaît pas la juste valeur, les membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement ont déposé des milliers de plaintes en vertu de la Loi sur l’équité salariale, mais ce dossier traîne en longueur. À cela s’ajoute le choix du gouvernement de faire des enseignantes et enseignants une exception à son règlement sur la mise en place d’une structure salariale cohérente, aussi appelée relativité salariale, prétextant qu’ils sont trop nombreux pour avoir le même traitement que les autres corps d’emploi du même rangement. Le personnel enseignant conserve donc une échelle salariale nettement désavantageuse. Après avoir vu le salaire des médecins spécialistes exploser, où vous situez-vous par rapport à une rémunération juste et équitable des enseignantes et enseignants tout au long de leur carrière?

Nous souhaitons donc entendre parler de ce que vous prévoyez mettre en place pour alléger le quotidien des enseignantes et enseignants avec ce dont ils ont besoin pour améliorer leur travail au préscolaire, au primaire, au secondaire, à la formation professionnelle et à l’éducation des adultes.
Fidèles à nos habitudes, nous avons choisi d’être plus que de simples spectateurs et d’être actifs pour encourager les débats sur un enjeu aussi crucial que l’éducation publique. Pour pouvoir débattre, ça prend des idées et des engagements concrets qui ne reposeront pas sur le seul dos des enseignantes et enseignants. Il est clair que tous les partis politiques doivent s’engager à réinvestir massivement en éducation, de façon à rétablir minimalement le niveau de financement qui prévalait avant les compressions des dernières années.
Comme ces enjeux sont de première importance, nous nous assurerons de réitérer ce message à l’aide de plusieurs supports afin d’obtenir les engagements et les positions de chacun. Comprenons-nous bien : nous savons que l’éducation est importante pour vous, mais nous souhaitons qu’au‑delà des généralités, les partis puissent s’engager concrètement et avec détails en faisant connaître leurs intentions réelles au regard de l’école publique, de la réussite des élèves ainsi que de la profession enseignante, qui doit être valorisée dans son ensemble.
Nous nous réservons d’ailleurs le droit de publier les réponses que nous recevrons afin de permettre à nos membres de faire des choix éclairés le 1er octobre.
En espérant obtenir plus de détails quant à vos orientations, je vous prie de recevoir, Madame, Messieurs, l’expression de notre plus haute considération.

La présidente de la FSE,
Josée Scalabrini