Écouter les profs avant les vedettes
30 mars 2017
Dans son plus récent budget, le gouvernement du Québec accorde la jolie somme de 1,5 M$ par année au projet « Lab-école », initié par trois vedettes québécoises. C’est du moins ce qu’on peut lire dans un article intitulé « Trois vedettes pour réinventer l’école » dans La Presse+ de ce matin. À première vue, je pensais qu’il s’agissait d’une fausse nouvelle humoristique… Malheureusement, je me trompais.
Tout comme ce fut le cas avec le cours d’éducation financière, on constate que quand les gens d’affaires lèvent la main pour parler d’éducation, le ministre est toujours prêt à écouter. Dommage que ce ne soit pas la même chose pour les enseignantes et enseignants…
Impossible pour moi de laisser passer une situation aussi ridicule. En tout respect pour ces trois personnalités appréciées et inspirantes, oserait-on demander l’opinion d’un chef cuisinier, d’un sportif et d’un architecte pour « réinventer » notre réseau de santé? Leur demanderait-on des idées pour élaborer les politiques économiques du Québec? Poser la question c’est y répondre. Au moment où les profs du Québec ont grand besoin que leur expertise soit reconnue et que leur travail soit valorisé, le ministre leur donne aujourd’hui une claque en plein visage! Le message est clair : leur opinion ne vaut pas celui de vedettes.
Cette annonce nous arrive quelques semaines après une tournée de consultation qui a mené le ministre Sébastien Proulx aux quatre coins du Québec. Tournée au cours de laquelle des gens de tous les milieux ont eu la chance de s’exprimer sur une politique qui viendra bientôt nous dicter des recettes miracles pour la réussite des élèves. Tournée au cours de laquelle, je le rappelle, les enseignantes et enseignants n’ont même pas eu plus de temps que les citoyens, parents et gens d’affaires pour s’exprimer.
Le n’importe quoi, n’importe quand en éducation, c’est assez! Un peu de sérieux et de respect pour le personnel de l’éducation, svp! Celles et ceux qui ont les compétences et l’expertise pour repenser l’éducation, ce sont les enseignantes et enseignants. Donnez-leur le temps et les moyens de le faire, ils ne demandent que ça.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE