Durée du travail et équité salariale des enseignantes et enseignants

13 juin 2002

L’entente de principe approuvée aux deux tiers

Montréal, le jeudi 13 juin 2002 – C’est dans une proportion de deux contre un que les enseignantes et enseignants des commissions scolaires ont approuvé l’entente de principe en équité salariale sur la reconnaissance de la durée du travail enseignant. Plus de 14 000 des 21 000 membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ), et de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec, présents dans les assemblées générales qui viennent de se terminer, ont approuvé l’entente, une décision qu’a entérinée hier le Conseil fédéral de la FSE, avec plus des trois quarts des mandats en faveur de l’entente.

Johanne Fortier, présidente de la FSE, a réitéré qu’il s’agit d’une entente historique dont on doit être fier : « Notre lutte pour l’équité salariale, contrairement à une revendication salariale traditionnelle, ne doit pas s’évaluer en fonction des intérêts de chaque individu, puisque les correctifs pourront être variables, mais en fonction de la reconnaissance que la profession enseignante y gagne. Elle doit aussi s’apprécier par la reconnaissance du travail des femmes, et de leurs collègues masculins qui occupent des emplois à prédominance féminine, qui leur assurera un salaire égal à celui d’emplois masculins équivalents. »

Madame Fortier a ajouté que pour la première fois, le gouvernement est contraint de reconnaître que la tâche enseignante, avec ses 40 heures par semaine, et malgré les vacances estivales, est aussi lourde que celle des autres professionnels à son emploi. La structure de rémunération, qui comportera dorénavant une unique échelle, constitue aussi une avancée importante, particulièrement pour les femmes. Toutes et tous pourront dorénavant, comme pour l’ensemble des autres professions, envisager d’atteindre avec l’expérience, le maximum de l’échelle salariale.

Par contre, l’entente comporte aussi des irritants, comme l’augmentation du temps de présence à l’école, qui ne confirme que la pratique des professeurs, constatée par enquête, de même que l’absence d’effet rétroactif.

La présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Monique Richard, qui assiste à la réunion du Conseil fédéral, s’est aussi réjouie de l’entente que les ressources de la Centrale ont contribué à atteindre, mais dit espérer que les enseignantes et enseignants de cégeps puissent bientôt imiter leurs collègues des commissions scolaires qui réintégreront à l’automne les travaux de l’Intersyndicale sur l’évaluation des emplois. « Ils ne sont pas encore en mesure de faire pareil, puisque les pourparlers que nous menons de concert avec notre Fédération des enseignantes et enseignants de cégeps, sur la durée de leur temps de travail, n’ont pas encore abouti. Nous avons récemment rappelé au gouvernement que, pour nous, l’emploi d’enseignement constitue une seule et même catégorie d’emploi du préscolaire au collégial. Nous avons aussi indiqué que la CSQ ne saurait envisager un règlement où le niveau de rémunération, à scolarité et expérience égales, ne serait pas au moins égal, pour une enseignante ou un enseignant du collégial, à celui qui résulte de l’entente de principe intervenue dans le secteur des commissions scolaires ».

Du côté anglophone, le président de l’APEQ, Pierre Weber, s’est réjoui que cette entente ne marque pas simplement l’obtention de l’équité avec les autres corps d’emplois, mais aussi l’équité à l’intérieur même de la profession, avec l’échelle unique. « Il s’agit d’une grande victoire et nous sommes reconnus comme travailleurs à 100 %. Il nous reste maintenant à déterminer de manière scientifique la valeur de l’enseignement à titre de profession. Nous sommes convaincus que les travaux qu’il reste à compléter démontreront que le métier d’enseignement devra mériter une reconnaissance au moins égale au rangement 21. »

Le Conseil fédéral de la FSE, auquel participent aussi les représentants de l’APEQ, en cartel avec la FSE sur les dossiers de la négociation et de l’équité salariale, a tenu à remercier les responsables de l’action et de la mobilisation, qui ont rendu cette entente possible. On a aussi étendu cette satisfaction à l’égard du travail accompli aux divers responsables politiques du dossier et à l’équipe technique de l’équité salariale.

Finalement, le Conseil fédéral a invité ses syndicats affiliés à mettre fin aux moyens de pression. Le Conseil fédéral se poursuit demain avec, notamment, l’élection des trois membres du Comité exécutif qui sont libérés pour les fins de leur mandat, soit la présidence et les deux vice-présidences. Le vice-président Marcel Leroux, originaire de l’Abitibi, avait précisé qu’il ne solliciterait pas de renouvellement de mandat, après six années passées au Comité exécutif.

La suite de la réforme

En réaction aux annonces d’hier du ministre de l’Éducation, sur la poursuite de l’implantation de la réforme, le Conseil fédéral de la FSE a indiqué que, pour le troisième cycle du primaire, les enseignantes et enseignants souhaitaient que soient réunies les conditions essentielles d’implantation de cette réforme, ce qui implique nécessairement une année complète dédiée à l’appropriation. Pour ce qui est du secondaire, les modalités et le calendrier proposés ont été bien accueillis par le Conseil fédéral. De plus, la FSE, si elle souscrit aux grands objectifs de la réforme, entend garder toute sa marge de manœuvre pour en critiquer l’application et, surtout, pour questionner publiquement ce qui lui apparaîtrait des dérives inacceptables. Mme Fortier a aussi tenu par avance à calmer les appétits de certaines directions scolaires qui pourraient être tentées de vouloir « occuper » les heures additionnelles que les enseignantes et enseignants ont accepté de passer à l’école, en rappelant que l’entente ne doit pas se traduire par une augmentation de la tâche, ni par une perte d’autonomie professionnelle du personnel enseignant, puisque ce temps de présence doit être consacré à du travail personnel.

Sources :

Louise Rochefort, CSQ, 514-235-5082
Jean Laporte, FSE-CSQ, 418-563-7193
Ronald Hugues, APEQ, 514-234-8571