Dossier sur les retraites du secteur public : exagérations et omissions

14 novembre 2011

La plus importante association québécoise de personnes retraitées de l’État, l’AREQ, s’inscrit en faux contre certaines exagérations et omissions contenues dans le dossier sur les régimes de retraite du secteur public, publié à compter de ce matin dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec.
« Encore une fois, on cible les personnes retraitées du secteur public comme étant un fardeau pour l’État et pour les contribuables. Or, contrairement à ce que laisse entendre le dossier, ces personnes ont largement contribué, à même leur salaire, pendant des années, à se bâtir une rente décente. Elles auront défrayé, en bout de ligne, la moitié du coût de leur rente. On ne leur a pas fait de cadeau. Et, grâce aux impôts et aux taxes à la consommation qu’elles payent aujourd’hui, elles aident à financer les services publics », a souligné le président de l’AREQ, Pierre-Paul Côté.
L’AREQ souhaite donc apporter un éclairage plus complet aux informations véhiculées à propos des régimes de retraite de ses membres.
Pression sur les finances publiques : à qui la faute ?
Le dossier, comme d’autres articles publiés auparavant, laisse entendre que les régimes de retraite de l’État créent une pression indue sur les finances publiques. À cet égard, l’AREQ souligne que les évaluations actuarielles récentes effectuées par la CARRA ne font pas craindre pour la santé financière des régimes. Ces évaluations ne laissent rien au hasard et tiennent compte de différents facteurs : données démographiques, rendements financiers à long terme de la Caisse de dépôt et placement, taux de cotisation, prévisions de prises de retraite, etc.
De plus, le gouvernement a créé il y a quelques années le Fonds d’amortissement des régimes de retraite (FARR), où sont capitalisées des sommes devant être utilisées à terme pour le paiement des rentes. Le niveau de capitalisation souhaité du FARR devrait être atteint en 2017. Il serait donc exagéré de prétendre que les départs à la retraite et les engagements financiers qui en découlent vont vider les coffres de l’État, dans la mesure, bien sûr, où le gouvernement effectue les choix budgétaires adéquats.
À cet égard, il est utile de rappeler que durant plusieurs décennies, le gouvernement a omis de mettre de côté l’argent nécessaire au paiement éventuel des pensions de ses employés. Il est allé jusqu’à utiliser, à même ses budgets réguliers, les cotisations des employés destinées à leur régime de retraite. Ceux-ci ont donc contribué à financer, à même leur salaire, en plus de leurs impôts, de nombreuses infrastructures publiques durant les années 1960 et 1970. On ne saurait donc leur imputer la faute pour des erreurs historiques commises à leurs dépens.
Dans une classe à part, vraiment ?
L’AREQ souligne par ailleurs que la rente de retraite constitue du « salaire différé »; en ce sens elle fait partie du traitement global des employés de l’État. Or, les membres de l’AREQ, parmi lesquels on retrouve une majorité d’ex-enseignantes et enseignants, mais aussi d’autres personnes retraitées des services publics comme des infirmières et des professionnels du secteur de l’éducation, ont reçu durant leur carrière des salaires moindres que bien des employés du secteur privé, pour des niveaux de responsabilité et de formation comparables.
Si ces personnes ont, dans certains cas, des revenus de retraite plus élevés, c’est qu’une partie de leur rémunération – jusqu’à 8 % de leur salaire annuel – a été mise de côté pour leurs « vieux jours » alors qu’ils étaient au travail. Toutefois, il importe de rappeler qu’un grand nombre de personnes retraitées, surtout des femmes, n’ont pas accumulé trente-cinq années de service au sein de l’État, et que leurs salaires étaient très bas à une certaine époque, de sorte que leur rente de retraite n’est pas aussi élevée qu’elle y paraît.
Un risque partagé
L’article de presse laisse par ailleurs entendre que le gouvernement est le seul à assumer des risques, puisqu’il garantit le versement de la rente de retraite. Or, ce risque est partagé également par les employés, dont la cotisation peut être augmentée à tout moment pour assurer la pérennité du régime, et par les retraités, dont la rente pourrait ne pas être bonifiée.
L’AREQ rappelle que la rente de retraite n’est que partiellement indexée. Bien que garantie, cette rente ne croît que très peu avec le temps, tandis que le coût de la vie augmente sans cesse au rythme de l’inflation. De fait, la portion de rente attribuable aux années de service comprises entre 1982 et 1999 est gelée, ce qui accroît, d’année en année, la perte de pouvoir d’achat des dizaines de milliers de personnes visées. Le gouvernement reconnaît cette problématique, mais tarde à prendre les moyens nécessaires pour corriger la situation.
Les marchés financiers affectent tout le monde
Enfin, l’AREQ rappelle que les personnes retraitées de l’État, au même titre que les personnes détenant des REER et des régimes de retraite privés, ne sont pas à l’abri des soubresauts des marchés financiers mondiaux. Ainsi, les pertes colossales enregistrées à la Caisse de dépôt et placement du Québec ont fait fondre le surplus actuariel au RREGOP qui, autrement, aurait pu être utilisé pour bonifier le régime et accorder l’indexation des pensions.
« Le RREGOP et les autres régimes de retraite du secteur public sont nécessaires et viables. Plutôt que de les mettre à mal et de chercher à créer des conflits entre les générations, il vaudrait mieux faire en sorte de bonifier les autres régimes existants, que ce soient les régimes complémentaires privés ou les régimes publics comme le RRQ. L’objectif que nous devrions poursuivre c’est de permettre au plus grand nombre possible de personnes retraitées, au Québec, de bénéficier d’une rente décente et ainsi de contribuer financièrement à la société et aux services publics », a conclu le président de l’AREQ.
Profil de l’AREQ
Fondée en 1961, l’AREQ (CSQ) – Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec célèbre cette année le 50e anniversaire de sa fondation. Elle compte plus de 55 000 membres sur tout le territoire québécois. L’AREQ est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).