Dépôt patronal aux enseignantes et enseignants
29 mars 2004
De vieilles intentions servies à la sauce « Faire autrement »
Québec, le 29 mars 2004. — « La réponse patronale aux demandes des enseignantes et enseignants ressemble à une nouvelle présentation des préoccupations traditionnelles des employeurs en éducation. Au-delà de l’affirmation de vouloir faire autrement, on y retrouve cette volonté avouée de limiter l’impact des conventions collectives, perçues comme un obstacle à la gestion, plutôt que comme un cadre indispensable, convenu entre les parties, qui a pour mérite d’organiser la vie professionnelle des enseignantes et enseignants et de contribuer aux conditions d’apprentissages de leurs élèves. » C’est en ces termes que Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) a commenté le dépôt patronal de jeudi dernier, présenté en réponse aux demandes syndicales formulées à la fin de novembre, dans le contexte du renouvellement de l’entente nationale qui dispose des conditions de travail des 80 000 enseignantes et enseignants des commissions scolaires francophones du Québec. Mme Fortier a ajouté que l’équipe de négociation de la FSE, est plus que prête à entamer rapidement et sérieusement les pourparlers. La FSE a déposé il y a quatre mois un texte complet et révisé du projet de convention collective qu’elle souhaite devenir l’objet d’une entente. Le premier dépôt syndical qui ciblait comme revendication prioritaire la disponibilité plus rapide des services aux élèves handicapés ou en difficultés d’adaptation ou d’apprentissage a été produit il y a treize mois. Nous sommes immédiatement disposés à poursuivre, mais il faut constater que la partie patronale n’en est encore qu’aux déclarations d’intentions, » a-t-elle ajouté. La partie patronale sera disponible pour une prochaine rencontre le 6 avril. Le dépôt patronal Le dépôt patronal d’une dizaine de pages, après un préambule qui appelle à une « négociation souple », explique l’orientation générale que les patrons souhaitent imprimer à cette négociation en insistant sur l’obligation de résultats, tout en restant discret sur l’obligation de moyens à mettre à la disposition des équipes enseignantes, des élèves, des écoles, des commissions scolaires, dont on souligne les capacités budgétaires limitées. Cette orientation de fond se traduit en six objectifs qui énoncent des positions de principe qui impliquent la nécessité d’une plus grande souplesse, d’une meilleure adaptation, la réorganisation de la tâche, une plus grande efficience, une plus grande marge de manœuvre, des modifications qui pourraient permettre des aménagements différents de la tâche, etc. bref à une augmentation majeure de la marge de manœuvre patronale. Au-delà des intentions avouées, le texte patronal ne contient encore rien de concret pour traduire ces volontés dans la réalité et les porte-parole ont été avares d’exemples pour expliquer leurs positions. Réaction syndicale La FSE se réjouit néanmoins du constat patronal que les services aux élèves EHDAA, « ça ne marche pas » et qu’il faille dégager de nouvelles orientations pour rendre ces services efficients. Cette constatation est d’ailleurs un des seuls points de convergence partagé avec les administrateurs scolaires. Johanne Fortier s’est aussi dite heureuse que le Comité patronal de négociation dise adhérer à la maxime syndicale pour cette négociation : « …parce que nous avons la réussite à cœur ! », mais ne doute pas qu’au-delà de cette position partagée, les discussions sur les moyens à trouver et à mettre en œuvre risqueront de faire apparaître des divergences bien réelles. « Nous avons aussi pour objectif d’obtenir des moyens concrets pour favoriser la réussite d’élèves réels, dans de vraies classes, de vraies écoles », a-t-elle affirmé. En conclusion la porte-parole de la FSE, Johanne Fortier a ajouté : « Nous nous attaquons à cet exercice de négociation avec tout le sérieux et la disponibilité voulus, parce qu’il en va des conditions de travail de nos membres, mais aussi des conditions d’apprentissages des élèves, et éventuellement de leur réussite. Le syndicalisme enseignant a prouvé dans le passé, souvent grâce à des textes conventionnels, qu’il constituait une protection pour les unes et les autres. Qu’on se rappelle notre insistance à maintenir le niveau des services éducatifs, en 1996 et 1997, au moment des compressions budgétaires, à alléger les premières classes du primaire, en 1999, ou à exiger la formation indispensable pour les enseignantes et enseignants au moment de l’implantation de la réforme au primaire. Nous avons l’intention de continuer d’assumer ce rôle avec conviction et efficacité, et la ronde de négociation qui s’amorce nous en donne l’occasion. » Pour information : Jean Laporte (418) 563-7193