Ça va prendre plus que des bonnes intentions!
3 juin 2022
La semaine qui s’achève a été riche en annonces. Évidemment, je fais référence à celles en éducation et non pas à celle de Bernard Drainville!
Dans l’ordre, parlons de cette fameuse campagne publicitaire annoncée en début de semaine. Je souhaite de tout cœur, pour les enseignantes et enseignants en poste ainsi que pour les élèves, qu’elle soit couronnée de succès, mais je conserve certains doutes.
J’insiste sur ce que j’ai déjà dit à maintes reprises; toute offensive de recrutement en enseignement doit s’appuyer sur une offensive, tout aussi agressive, visant une amélioration tangible des conditions de travail. Pour mettre fin à l’exode des enseignantes et enseignants et pour attirer de nouveau dans la profession celles et ceux qui ont quitté en cours de route, cela va prendre bien plus que des publicités et des beaux discours, particulièrement à la veille des vacances estivales et des fêtes nationales.
La présentation du plan pour la valorisation du personnel scolaire était quant à elle un véritable buffet à volonté de bonnes intentions. Le hic, c’est qu’à l’exception du projet pilote d’aides à la classe, que nous avons salué d’emblée, l’annonce manquait cruellement de mesures concrètes.
Est-ce qu’on réduira le nombre d’élèves par classe pour favoriser les apprentissages et donner plus de temps aux enseignantes et enseignants pour chacun d’eux?
Va-t-on enfin accepter de revoir la composition de la classe et ainsi la rééquilibrer?
À quoi s’attendre d’ailleurs de l’allègement bureaucratique promis pour le financement pour les services aux élèves HDAA?
Où se trouve l’allègement de la tâche des enseignantes et enseignants dans ce menu?
Il faudra voir dans les milieux comment seront déployées concrètement les actions présentées par le ministre de l’Éducation et surtout quand elles le seront. D’autant plus que l’état actuel de certains dossiers permet de douter de l’efficience de leur implantation. Par exemple, la mise à jour du référentiel pour l’insertion professionnelle du personnel enseignant était sur la bonne voie en début de mandat, mais le ministère a laissé le projet sur la glace jusqu’à cette semaine. Également, le projet de loi no 40 a accordé de nouveaux droits aux enseignantes et enseignants, dont celui de leur offrir une autonomie professionnelle dans le choix de leur formation continue. D’ailleurs, le ministre insistait pour que ce soit « eux et personne d’autre qui choisissent leurs activités de formation continue ». Pourtant, il tolère encore à ce jour que ce droit ne soit pas respecté par les directions et les centres de services scolaires.
En clair, la valorisation du personnel ne peut se résumer à une campagne publicitaire et à la création d’une journée thématique. M. le Ministre, les bottines doivent suivre les babines.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ