Budget provincial 2019-2020 – Rien pour contrer la pénurie en éducation
22 mars 2019
Le gouvernement Legault a déposé hier le tout premier budget de son histoire. Ce budget donne sa couleur au gouvernement élu l’automne dernier et marque sa personnalité. En campagne électorale et lors de son discours inaugural, le premier ministre a martelé que l’éducation serait au sommet de ses priorités. Il a même dit que nous aurions droit à un redressement national en éducation. Ce premier budget ne nous convie malheureusement pas au rendez-vous lancé par le premier ministre. Il ne nous convainc pas que l’éducation est sa grande priorité. D’autant plus que les priorités ciblées pour l’éducation nous prouvent que l’opinion des enseignantes et enseignants compte moins dans la balance que les promesses faites pendant la campagne électorale.
Si des investissements en éducation sont les bienvenus, il faut souligner que ceux-ci dépassent timidement les coûts du système. Les investissements prévus pour l’ouverture de classes spécialisées sont un signe positif, tout comme les montants prévus pour augmenter les services directs aux élèves. Ces mesures donneront trop peu d’air frais aux enseignantes et enseignants qui crient à l’aide et pallient depuis trop longtemps le manque de services disponibles pour les élèves. Ils sont à bout de souffle, car pendant les nombreuses années d’austérité, ils ont vu leur tâche s’alourdir et se complexifier. Un réseau aussi malmené aurait nécessité davantage d’efforts!
Je cherche toujours dans le budget 2019-2020 les mesures qui permettront de réellement valoriser la profession enseignante et de juguler la pénurie de main‑d’œuvre. Je doute fortement que des bourses d’excellence pour les futurs enseignants et enseignantes créent une ruée vers les facultés des sciences de l’éducation. Je doute également que le programme de mentorat règle tous les défis auxquels font face les nouveaux enseignants et enseignantes.
Je constate que ce budget ne fait rien pour convaincre les enseignantes et enseignants d’expérience, essoufflés de porter l’école à bout de bras, de rester. Alors, que penser de l’appel jovialiste du ministre de l’Éducation de cette semaine où il disait que s’il le pouvait, il téléphonerait personnellement à ceux qui ont quitté la profession pour leur dire de revenir?
Pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, il faut travailler sur les conditions de travail des enseignantes et enseignants, et les conditions dans lesquelles ils enseignent, comme la taille et la composition de la classe. Il est utile de rappeler que les enseignantes et enseignants du Québec sont encore les moins bien payés au Canada. Alors que le gouvernement n’aurait pas à attendre la prochaine négociation pour remédier à la situation, rien n’est prévu à cet égard dans le budget 2019‑2020.
Pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, il faut également valoriser leur travail en les écoutant pour qu’ils inspirent les solutions. Il faut reconnaître leur autonomie professionnelle et leur expertise. Il faut simplement les laisser enseigner à l’abri d’un appareil administratif lourd, et lourd de conséquences!
Rien dans le budget 2019-2020 ne me laisse croire que ce sera la voie privilégiée par le gouvernement. Pourtant, c’est seulement si nous atteignons ces objectifs que la profession redeviendra attrayante et que ceux qui songent à la quitter voudront rester.
Les mesures en éducation du budget 2019-2020 ne solutionnent pas la pénurie d’enseignantes et d’enseignants.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE-CSQ