Budget du Québec – Encore beaucoup à faire en éducation, permettons-nous d’espérer!
10 mars 2024
Récemment, nous avons tous entendu les propos un peu maladroits du premier ministre qui, lors d’une conférence de presse portant sur l’éducation, associait les sommes consenties au renouvellement des conventions collectives à un budget largement déficitaire. Il avait pourtant omis de parler de l’ensemble de dépenses du gouvernement, comme les chèques distribués et les baisses d’impôts, le toit du stade, les investissements pour l’usine de batteries, les matchs de hockey des Kings, et on en passe. Peut-être est-ce un hasard, mais je remarque au passage, qu’on injecte fièrement de gros montants en construction pour accélérer les formations dans ce domaine à majorité masculine en l’associant à la lutte à la pénurie. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’injecter des sommes pour améliorer les conditions d’une profession majoritairement féminine et ainsi y attirer et y retenir du personnel, on l’associe au déficit.
Cela étant, nous reconnaissons d’emblée que les récentes ententes du secteur public constituent un ajout de sommes considérables, sans compter que plusieurs autres négociations sont toujours en cours. C’est une très bonne nouvelle et un signal encourageant. Toutefois, nous aurions aimé que le gouvernement le considère comme un investissement plutôt que comme la cause du déficit. On va se le dire, cet investissement était plus que nécessaire après des décennies de désengagement de l’État dans les services publics et de compressions budgétaires en éducation. Les années d’austérité, jumelées à plusieurs politiques publiques à courte vue, ont fait mal à notre réseau que les enseignantes et enseignants portent encore à bout de bras.
Nous reconnaissons également que ces dernières années, le gouvernement a fait des investissements importants pour la rénovation des écoles vétustes et pour améliorer la qualité de l’air. C’est tout à son honneur, mais ça ne peut suffire. Malgré tout, nous constatons encore tous les jours l’état désolant du parc immobilier des écoles.
Oui, nous avançons. Cependant, le premier ministre doit entendre la déception des enseignants à la suite des assemblées au sujet de la composition de la classe ou encore de la tâche. C’est tout un réseau qui le lui dit et qui lui tend la main pour que le dialogue se poursuive, pour que des idées constructives soient mises au jeu pour changer significativement le quotidien des enseignants.
Pour amorcer le mouvement, la FSE-CSQ a élaboré une offensive professionnelle. Elle proposera des solutions à différentes problématiques, sans toutefois passer par les conventions collectives. En effet, elle comprendra des éléments pour outiller le personnel enseignant afin qu’il exerce pleinement ses pouvoirs et d’autres pour influencer les décideurs afin que des changements soient apportés aux divers encadrements de la profession. Une partie de l’offensive professionnelle reposera donc sur la volonté du gouvernement à entendre ses enseignants et à apporter les modifications requises aux pratiques, aux politiques et aux lois en vigueur.
Par exemple, la reconnaissance de l’école à trois vitesses permettra d’apporter des changements significatifs dans la composition de la classe. Ou encore, l’évaluation, trop abondante, qui doit rester au service des apprentissages, et non au service des statistiques dans des tableaux de bord.
Le ministre Drainville souhaite que nous parlions positivement de l’école. Nous en sommes depuis plus de dix ans avec notre campagne Prof, ma fierté! Elle a été créée spécifiquement pour valoriser le travail des enseignants. Nous continuerons de le faire avec conviction.
Par ailleurs, cela n’évacue en rien la nécessité que le dialogue se poursuive en accord avec les espoirs du personnel de l’éducation afin de faire de l’école québécoise un joyau à notre image. Le gouvernement, qui a l’habitude de légiférer sans consulter, doit dès maintenant travailler respectueusement avec les profs, en entendant humblement leur message. Nous lui tendons la main.
D’ici là, nous souhaitons que le budget du Québec puisse accorder des services pour les élèves de tous les secteurs, car les besoins demeurent immenses, tout comme les espoirs.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ