Budget 2021-2022 – Un pansement temporaire sur une plaie béante, selon la FSE-CSQ

26 mars 2021

Bien qu’elle reconnaisse que les investissements annoncés au budget en éducation sont nécessaires pour traverser minimalement la crise actuelle, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) se montre déçue du budget présenté hier à l’Assemblée nationale, puisqu’il passe complètement à côté de solutions durables pour des problèmes importants, dont la pénurie d’enseignantes et d’enseignants. De plus, les mesures ajoutées au budget sont nettement insuffisantes pour assurer le rattrapage et le suivi nécessaire de tous les élèves après une crise de cette ampleur.
À l’instar de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la FSE-CSQ a fait plusieurs constats :
·     Il n’y a rien pour attirer et garder les enseignantes et enseignants; le cadre financier prévu pour les négociations est resté le même à 6,2 % de la masse salariale, donc aucun ajout à ce qu’il y a sur la table en ce moment, alors que c’était déjà insuffisant;
·     D’ailleurs, on ne trouve aucune indication concrète d’une offensive pour contrer la pénurie, que ce soit par un allègement de la tâche, une augmentation de salaire ou une baisse de la précarité. On parle certes de valorisation en termes plutôt vagues, mais avec une mince enveloppe de 10 M$ cette année qui ne pourra régler le cœur du problème;
·     Rien n’a été ajouté dans ce budget pour l’éducation des adultes et pour la formation professionnelle, alors qu’ils sont des secteurs-clés de la relance économique partout sur le territoire. Il aurait fallu bonifier le financement des petites cohortes et des formations à temps partiel en formation professionnelle, tandis que du côté de l’éducation des adultes, on aurait voulu voir un ajout de services pour lutter contre le décrochage;
·     Les mesures supplémentaires, totalisant 205 M$ cette année, ont pour but de tenter de limiter les retards d’apprentissage et de soutenir le réseau scolaire. Elles répondent à des besoins liés à la pandémie et ne tiennent pas compte du fait que l’éducation était déjà en crise, faute de ressources, avant l’arrivée du virus;
·     Ainsi, les ajouts pour le tutorat et l’aide aux devoirs, que l’on souhaitait cohérents et bien planifiés afin de soutenir nos élèves les plus vulnérables, sont plutôt prévus pour être temporaires et sans vision à long terme, ce qui nous inquiète grandement;
·     Quelques classes spéciales sont prévues, en moyenne deux par centre de services scolaire, mais ce sera insuffisant pour répondre aux besoins des élèves sur l’ensemble du territoire;
·     Un bel ajout par contre, celui des 37 M$ pour favoriser la réussite éducative des autochtones et l’égalité des chances. Bravo! Une initiative à poursuivre et à bonifier;
·     On ne retrouve pas l’élan attendu et promis pour relever le réseau mis à mal depuis plusieurs années.
Comme il semble l’ignorer dans son budget, la FSE-CSQ rappelle au gouvernement que l’éducation est un secteur d’emploi à prédominance féminine. De plus, selon les données publiées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) et la CSQ (1), chaque dollar qui y est investi a des retombées de 1,25 $ sur l’économie, alors qu’elles sont de 1 $ pour la construction résidentielle et de 1,03 $ pour les grands travaux. Non seulement ils nous concernent tous, mais les investissements en éducation sont rentables pour le Québec et favorisent une relance féministe de l’économie.
« La pandémie a mis en lumière les besoins criants qui existaient déjà en éducation. Or, ce budget, s’il ajoute des ressources pour soutenir des besoins immédiats, ne répondra pas à ceux de tous les élèves, loin de là, forçant la poursuite du délestage dans les milieux. Ce qui est le plus triste, c’est qu’il ne se dégage aucune perspective à terme pour des améliorations durables, puisqu’à échéance les mesures d’appoint disparaitront. On est déçus, on s’attendait à mieux, surtout à la veille d’un rendez‑vous sur la réussite éducative. Le ministre Roberge s’y présentera les mains vides et c’est désolant », a déclaré Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.


(1) Source : cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Fonction_publique_WEB.pdf, cité dans CSQ (2021), Le Québec a les moyens!, p. 14, lequebecalesmoyens.lacsq.org/wp-content/themes/csq/assets/2021-058_Guide-Nego1e.pdf.