Abolition de services pour les élèves en difficulté

7 mai 2001

Le Syndicat et la Fédération dénoncent la Commission scolaire de la Riveraine

Bécancour, 7 mai 2001 – Le Syndicat des enseignantes et enseignants de la Riveraine, au centre du Québec, et la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) dénoncent avec vigueur l’abolition, en septembre prochain des douze postes d’enseignantes et d’enseignants en orthopédagogie à la Commission scolaire de la Riveraine (qui dessert notamment Nicolet et Bécancour). Ils réclament un changement de cap immédiat de la commission scolaire qui semble tenter par cette mesure choquante de régler des problèmes financiers récurrents.

La situation est d’autant plus aberrante que dans le même temps la Commission scolaire demande au ministère de l’Éducation la permission de verser la somme équivalant à ces réductions de services en primes de départ pour des cadres scolaires. L’embauche de deux professionnels en orthopédagogie ne peut constituer un semblant de compensation pour les services abolis.

La présidente du syndicat, Diane Lacroix, se demande « comment les jeunes du territoire réussiront à s’en sortir? » Cette année, ce sont 337 élèves qui reçoivent des services en orthopédagogie, sur les 3 878 qu’on retrouve au préscolaire et au primaire, et la liste des élèves en attente de ces services se chiffre à 225. Elle rappelle que la commission scolaire avait jonglé l’année dernière avec un projet semblable d’abolition de postes, mais qu’elle s’était ravisée.

Du côté national, la présidente de la Fédération s’est dite en appui total aux revendications du Syndicat de la Riveraine, qui a informé les parents et les conseils d’établissements de cette réduction de services appréhendée, et fera demain les démarches appropriées auprès de l’assemblée des commissaires. Johanne Fortier rappelle que la dernière ronde de négociation qui a mené à l’entente nationale (qui régit les conditions de travail des enseignantes et enseignants de commissions scolaires) s’était conclue par l’assurance que les services aux élèves en difficulté seraient améliorés de façon importante par l’ajout de ressources enseignantes et professionnelles.

« Il ne faudrait pas, a-t-elle ajouté, que la réforme des programmes serve de prétexte à pareilles réductions de services. Ce n’est qu’en 2003-2004 que nous verrons les effets de la pleine réduction de la taille des groupes, jusqu’en 2e année, mais il ne doit pas y avoir de cassure entre les services offerts jusqu’ici, que nous voulons voir maintenus et améliorés, et des effets que nous ne pourrons apprécier que dans quelques années. »

La situation à la grandeur du Québec

Pour la FSE, la situation vécue à la Commission scolaire de la Riveraine, ne semble pas unique. Les modifications apportées aux règles budgétaires laissent craindre que plusieurs administrateurs puissent être tentés d’emprunter des voies semblables. Aussi la Fédération a-t-elle demandé à ses 44 syndicats locaux, de tout le Québec, de lui dresser, d’ici quelques semaines, le portrait de la situation. Elle veut d’ici un mois pouvoir tracer le bilan de l’allocation par les commissions scolaires des ressources enseignantes, professionnelles et techniques pour les élèves à risque ou en difficulté, pour la prochaine année scolaire. Une fois de plus la Fédération déplore que les ressources importantes que le MEQ dit allouer en services aux élèves en difficulté ne semblent pas se concrétiser dans tous les milieux et la présidente Johanne Fortier a répété « que les sommes allouées aux commissions scolaires pour les élèves en difficulté doivent être versées sous forme d’enveloppes dédiées ».

Par ailleurs les règles budgétaires fondées sur des taux de contingentement « normalisés » à la grandeur du Québec n’assurent pas que le financement sera à la hauteur des besoins réels d’un milieu donné. Ce mode de financement a aussi comme effet que les administrateurs sont réticents à signaler de nouveaux cas, quand ils croient d’avance avoir atteint le plafond accordé pour leur commission scolaire. Seuls les cas les plus lourds, les plus évidents, seront reconnus.

En conclusion les deux porte-parole syndicales se sont dites inquiètes et choquées du sort qu’on réserve aux élèves qui ont le plus de difficulté alors que le ministère de l’Éducation se targue de vouloir dépister rapidement, aider précocement, pour éviter des retards insurmontables plus tard. Les enseignantes et enseignants en orthopédagogie dont on décrie aujourd’hui la disparition ont justement pour mandat d’œuvrer à cela, puisqu’elles et ils sont toutes et tous affectés au préscolaire et au primaire. Mmes Lacroix et Fortier ont promis de suivre le dossier jusqu’à son règlement satisfaisant.

Pour information :

Jean Laporte (FSE) : (418)-649-8888
Lucie Morin (SELR) : (819)-293-2068 ou 293-9607