50 nuances du ras-le-bol des profs

20 février 2020

La création spontanée de groupes ou de mouvements citoyens en appui à l’école publique et à son personnel se multiplie. Nous n’avons qu’à penser à Je protège mon école publique ou Debout l’école. Ceux-ci réclament un financement adéquat de l’école publique et luttent contre les iniquités engendrées par notre système.  
De plus, nous assistons à la naissance de multiples mouvements enseignants émanant de la base et asyndicaux. Ces mouvements comme Profs en mouvement, À bout de souffle – ça suffit, Le manifeste des enseignantes et enseignants, les losanges jaunes et les nombreuses publications de lettres ouvertes témoignent de l’état d’esprit du personnel enseignant et de sa détresse grandissante.
Les profs souffrent de trop nombreuses années à porter l’école à bout de bras. Ils demandent que ça change maintenant en éducation. Ils prennent donc différents moyens pour le faire savoir, que ce soit avec leur syndicat ou avec ces mouvements. Ils souffrent à un point tel qu’ils unissent leur voix afin de souligner qu’ils pensent quitter la profession. Ils exigent des services pour les élèves et la reconnaissance de leur temps. Ils mettent en place un mouvement populaire pour permettre à la population de se mobiliser pour des changements en éducation, dénoncer les conditions de travail du personnel scolaire et demander une réflexion sur l’éducation. Nous les entendons et leurs messages sont en harmonie avec le nôtre. Ces regroupements sont composés d’enseignantes et d’enseignants qui ont besoin que leur situation s’améliore et ont envie de s’investir, de s’engager, de poser des gestes en ce sens. 
Alors que la négociation pour le renouvellement des conventions collectives 2020 en est à ses balbutiements, déjà des enseignantes et enseignants incitent leurs collègues à respecter les 32 heures à l’école inscrites dans leur tâche en développant la campagne « Je n’ai pas le temps ». À la négociation de 2015, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) s’est fait un point d’honneur d’expliquer la tâche des enseignantes et enseignants. Dans ce contexte, le respect des 32 heures à l’école faisait partie des moyens de pression déployés plus tard dans ce marathon qu’est la négociation.  
La semaine dernière, le ministre laissait entendre que la détresse des enseignantes et enseignants est le fruit de la désinformation syndicale. Au contraire, ces mouvements démontrent que les positions défendues par la FSE-CSQ sont au diapason avec la situation vécue sur le terrain. Il est temps que le gouvernement ouvre les yeux et voit enfin que la fatigue des profs, l’urgence d’améliorer les conditions d’enseignement dans les écoles est essentielle, vitale même. Il doit comprendre qu’il ne s’agit pas de tactiques syndicales supposément malhonnêtes d’agitation d’épouvantails. La FSE-CSQ se fait le porte-voix des cris du cœur des enseignantes et enseignants.
En ajout au message porté par la FSE-CSQ, ces élans de protestation et ces regroupements d’enseignantes et d’enseignants demandent que ça change maintenant en éducation! Le gouvernement doit saisir l’occasion du renouvellement des conventions collectives pour agir et améliorer les conditions d’enseignement en négociant en toute bonne foi et ouverture avec les organisations syndicales, seules représentantes reconnues par la loi pour le faire.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE-CSQ