Le CSE et les compétences transversales

20 mars 2007

Un avis bâclé qui contribuera au désarroi des enseignantes et enseignants

Québec, le 20 mars 2007. — La réponse du Conseil supérieur de l’éducation livrée dans son avis d’aujourd’hui sur les compétences transversales et les domaines généraux de formation est un travail bâclé qui ne répond pas à la vraie question de l’applicabilité de ces concepts ou des difficultés de leur enseignement ou surtout de leur évaluation.

La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Johanne Fortier,  voit même dans cet avis « une source supplémentaire qui viendra ajouter au désarroi des enseignantes et enseignants qui peuvent adhérer à ces concepts, notamment sur la nécessité du développement global de l’élève, mais qui n’ont ni le temps ni les outils pour les mesurer adéquatement. »

La Fédération des syndicats de l’enseignement, qui est l’organisme qui avait soulevé cette question des difficultés d’application et d’évaluation de ces questions, dans le contexte de classes de moins en moins ordinaires, du fait d’une intégration massive de cas de plus en plus lourds, s’étonne aussi de n’avoir pas été consultée par l’organisme consultatif qui dit néanmoins avoir eu le temps de prendre avis auprès d’enseignantes et d’enseignants (lesquels ?), du personnel de direction, des conseillers pédagogiques et des experts du milieu universitaire.

Cet avis est typique des travers qui ont trop souvent affecté la mise en œuvre de la réforme scolaire : il évacue l’avis éclairé des premiers intervenants auprès des élèves, les enseignantes et enseignants et de leurs représentants.

Les enseignantes et enseignants avaient été nombreux à manifester l’automne dernier, à l’occasion d’une large consultation, des difficultés réelles qu’ils éprouvaient à mettre en application les préceptes de la réforme du curriculum, en particulier l’évaluation des compétences transversales. Pour Johanne Fortier, ils trouveront une bien maigre consolation dans le fait que le Conseil supérieur de l’éducation reconnaisse, après sept ans d’implantation, que les outils font défaut, qu’il faudrait un guide de référence pour faire le lien entre les disciplines et les domaines généraux de formation. Quand sera-t-il disponible ?

Pour ce qui est de l’ensemble des compétences transversales, le CSE affirme péremptoirement qu’elles doivent continuer d’être développées, et évaluées, mais que le personnel enseignant doit bénéficier des outils de référence nécessaires « pour comprendre la façon dont chaque compétence se développe ». Comme s’il ne s’agissait que d’un problème de compréhension de la part du personnel enseignant.  Ce que nous aurions aimé lire du CSE, c’est la nature des outils pertinents, mais surtout le temps nécessaire à cet exercice d’évaluation de huit compétences transversales.

Pour la FSE, l’avis du CSE ne démontre ni la faisabilité ni la pertinence d’évaluer les compétences transversales, dont il dit lui-même qu’elle « n’a pas d’incidence sur le passage ou non de l’élève au cycle suivant ». La FSE réitère que l’évaluation des compétences transversales est un exercice très subjectif, énergivore et consommateur d’un temps précieux, en plus d’être inutile pour l’essentiel.

Selon la recommandation de la Table de pilotage, le Conseil supérieur de l’éducation devait fournir un avis sur « la prise en compte et l’évaluation de certaines compétences transversales… et sur la pertinence et l’applicabilité des domaines généraux de formation ». Force est de constater que son œuvre ne fournit pas de réponses convaincantes à ces questions et n’élabore pas sur les moyens pour réaliser un objectif qu’il se contente de réitérer. On peut aussi questionner la pertinence de publier cet avis à quelques jours des élections générales, ce qui risque d’occulter un sujet important.

 

Profil de la FSE 

La Fédération des syndicats de l’enseignement est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec. Elle est formée de la plupart des syndicats d’enseignantes et enseignants de commissions scolaires du Québec. Elle négocie en cartel avec l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec, son pendant vis-à-vis des commissions scolaires anglophones. Elle compte près de 70 000 membres.

 

Pour information :     Jean Laporte

                                 Attaché de presse de la FSE

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