Un ordre professionnel enseignant
8 novembre 2002
L’Abitibi-Témiscamingue contre à 96,5 %
Québec, le 8 novembre 2002. – À l’occasion d’un référendum tenu le 23 octobre, les enseignantes et enseignants du Syndicat de l’enseignement de l’Ungava et de l’Abitibi-Témiscamingue (SEUAT) ont rejeté à 96,5 % la proposition de création d’un ordre professionnel. Le message est on ne peut plus clair. Le référendum tenu dans chacun des établissements scolaires du territoire du SEUAT a permis à 76 % des membres en emploi de se prononcer sur la pertinence de la création d’un ordre professionnel.
Pour le président du syndicat, Guy Savard, qui commentait le résultat du vote secret, il s’agit là d’une indication très claire que dans le contexte de la profession enseignante un ordre professionnel n’est pas le véhicule à privilégier pour assurer la protection du public, et que les premiers intéressés s’y opposent massivement. « Les recours dont dispose déjà le public depuis des décennies sont non seulement très nombreux, mais ils appartiennent à diverses instances qui ne relèvent pas d’une même autorité. Ce qui met l’élève en danger, ce ne sont pas les enseignantes et enseignants, mais bien l’érosion des services qui leur sont offerts suite au désengagement financier de l’État en matière d ‘éducation », analysait M. Savard.
En outre, les ordres professionnels comptant en leur rang des membres évoluant dans le secteur public, ne semblent pas lutter efficacement contre la dégradation des services. Au contraire, ils se font trop souvent les complices tacites de l’État en restant muets sur les compressions budgétaires indues. De plus, des expériences récentes démontrent que certains ordres s’attaquent même aux représentantes et représentants syndicaux qui dénoncent la détérioration des services. « Cette attitude, a poursuivi M. Savard, les enseignantes et enseignants la rejettent et ils optent résolument pour un syndicalisme à vocation professionnelle qui protège à la fois ses membres, le public et la qualité des services ».
Par ce vote non équivoque, les enseignantes et enseignants indiquent également qu’ils réfutent l’argument principal invoqué par les propagandistes de la création d’un ordre, soit celui de la reconnaissance professionnelle. Cette reconnaissance doit se construire sur la valeur que la société accorde à une profession et elle se traduit notamment par le revenu qui en découle. La mission fondamentale d’un ordre étant de protéger le public, il est illusoire de croire qu’il apportera la reconnaissance professionnelle aux enseignantes et enseignants. « La lutte syndicale que nous avons menée et que nous menons toujours pour l’équité salariale contribue de façon extraordinaire à la reconnaissance de la profession enseignante. Un ordre professionnel n’aurait pu livrer une telle bataille », a conclu M. Savard.
Pour la présidente Johanne Fortier, de la Fédération des syndicats de l’enseignement, dont le SEUAT est l’un des 44 syndicats affiliés, l’opinion exprimée par les enseignantes et enseignants de l’Abitibi-Témiscamingue est très largement partagée par les membres des autres régions. « Déjà au printemps, les membres du Syndicat de l’enseignement de Champlain s’étaient prononcés dans une proportion similaire contre la mise sur pied d’un ordre enseignant ».
D’autres syndicats ont des démarches référendaires en cours, sans qu’il s’agisse d’une stratégie nationale. « Il est de plus en plus clair que dès qu’ils sont informés adéquatement des objectifs d’un tel ordre professionnel, les enseignantes et enseignants s’opposent très largement à sa mise sur pied. Les promoteurs d’un tel organisme ne devraient sûrement plus tenter de justifier leur démarche en prétextant qu’elle reflète une demande du milieu », a conclu Mme Fortier.
Source : Louise Gervais, SEUAT (819) 762-0929
Pour information : Jean Laporte, attaché de presse
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