quité salariale

10 janvier 2002

Les enseignantes appliquent leur plan de résistance

Québec, le 10 janvier 2002 – Après avoir tenté, en vain, d’amener le gouvernement québécois à présenter à la Commission de l’équité salariale des mesures concrètes et correctes pour reconnaître la valeur réelle de leur emploi, sur la base de travaux conjoints et rigoureux, les enseignantes et enseignants des commissions scolaires québécoises entament en ce début d’année la mise en œuvre d’un plan de résistance.

Parce qu’ils ne peuvent se résoudre à ce que le gouvernement se soustraie impunément à une application correcte de la Loi sur l’équité salariale pour son personnel enseignant, les syndicats membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) poursuivent la lutte en intensifiant les moyens de pression. Compte tenu de l’ordonnance du Conseil des services essentiels, rendue en novembre, qui avait considéré que les devoirs faisaient par exemple l’objet d’une nécessité absolue, les nouveaux moyens de pression visent essentiellement des activités qui relèvent du bénévolat des profs ou qui sont de nature administrative. Les élèves continueront donc de recevoir l’enseignement prévu.

Le plan de résistance

Il y a donc boycott, depuis le 20 novembre des réunions hors horaire, de tous les comités non prévus aux conventions collectives et des activités bénévoles autres qu’humanitaires.

Il y a gel du développement de la réforme, depuis le 22 novembre. L’ensemble des activités liées à ce développement sont boycottées.

Depuis le début de janvier, l’organisation et la mise en oeuvre de toutes les activités parascolaires et des sorties éducatives (culturelles, sportives, sociales et autres) sont boycottées, si elles ne sont pas prévues à la tâche ou qu’elles la dépassent. Néanmoins, les activités et sorties qui ont fait l’objet d’une entente en bonne et due forme et non résiliable, conclue avant la mi-décembre, seront maintenues.

Des thématiques mensuelles, annoncées en salve, viendront colorer d’ici la fin de l’année scolaire ce plan de résistance. En janvier, les membres des Conseils d’établissement seront sensibilisés à la problématique de l’équité salariale, et les enseignantes et enseignants remettront aux parents, à l’occasion des rencontres prévues avec eux, un court document expliquant l’état du dossier.

Ce qui est en jeu

Malgré les tentatives du gouvernement de discréditer la lutte des enseignantes, en la dénaturant, c’est bien d’équité salariale dont il est question ici. Si la société québécoise a voulu et convenu de se doter d’une loi sur l’équité salariale, c’est qu’elle croit qu’à travail équivalent les femmes ne devraient plus se contenter d’une portion du salaire des hommes. «Trop souvent des caractéristiques perçues comme «féminines» de l’emploi impliquent un certain bénévolat, une «valeur affective ajoutée» qu’on hésite encore souvent à reconnaître. C’est cette dimension du travail féminin que le boycottage entrepris cette semaine veut souligner» a précisé la présidente de la FSE, Johanne Fortier.

Le président de l’APEQ, Pierre Weber, ajoute qu’il y va de l’intérêt de toute la société de considérer que l’enseignement est un travail à temps plein, au moment où on prévoit une pénurie de personnel enseignant pour les prochaines années et que les facultés de l’éducation ont de plus en plus de difficulté à recruter de nouveaux élèves.

Le différend

La FSE et l’APEQ ne peuvent accepter que le gouvernement invoque à tort la question d’heures de travail moindres pour n’appliquer qu’en partie, à 90 %, les correctifs salariaux nécessaires pour assurer l’équité salariale aux enseignantes et enseignants. Ils ne peuvent souscrire à la nouvelle démarche entre le gouvernement et les autres organisations syndicales qui vise à améliorer l’évaluation des emplois gouvernementaux, parce qu’ils n’ont aucune garantie que ses résultats leur seront appliqués en totalité.

En décembre, le gouvernement a formulé des hypothèses qui auraient entraîné que les enseignantes et enseignants se paient eux-mêmes l’équité salariale, en quelque sorte, en acceptant des modifications importantes à leur tâche. Cette avenue était, on le comprendra, absolument impraticable. Néanmoins, les syndicats enseignants sont d’ici la fin du mois en consultation avec leurs membres pour évaluer sur quelles bases les discussions pourraient reprendre avec le gouvernement, le préalable étant une reconnaissance pleine et entière de toute la tâche effectuée par le personnel enseignant.

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) regroupent le personnel enseignant de toutes les commissions scolaires francophones et anglophones du Québec, environ 82 000 profs.

Pour information:

Jean Laporte
(418) 649-8888, poste 3107

Pierre Weber, président de l’APEQ
(514) 694-9777