Adoption de la loi sur les PPP

15 décembre 2004

L’école privée, un PPP déjà en place qui coûte cher à l’État

Québec, le 15 décembre 2004 – Le bâillon imposé par le gouvernement libéral a permis l’adoption à toute vapeur du projet de loi no 61 sur les partenariats public-privé (PPP). À l’instar de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), tout comme l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal (FSE-CSQ), croient fermement que les partenariats public-privé existent déjà en éducation sous une forme très insidieuse : les généreuses subventions accordées par l’État au réseau d’écoles privées qui s’en sert pour sélectionner les meilleurs élèves.

Une étude provenant du ministère de l’Éducation, que l’Alliance a dévoilée récemment, met en lumière divers scénarios de financement, parmi lesquels le retrait complet des subventions de l’État au réseau privé permettrait de réinjecter quelque 335 M$ annuellement au réseau public.

« Si l’État cessait ce partenariat avec le privé qui se fait au détriment de l’école publique, il ne lui en coûterait qu’environ 46 M$ pour intégrer les élèves qui reviendraient à l’école publique. C’est une bien petite somme comparée aux bénéfices pédagogiques et sociaux qui découleraient du retour de nombreux élèves performants dans nos classes. Cela permettrait au gouvernement Charest de faire preuve d’un peu de cohérence politique et d’assurer sa responsabilité de soutenir adéquatement l’école publique », a déclaré M. Pierre St-Germain, président de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal.

« Quand les deniers publics servent à subventionner des gens parmi les mieux nantis et contribuent à miner l’égalité des chances en éducation, il y a un problème. On donne une importante mission de réussite à l’école publique, qui doit composer avec l’ensemble des élèves qui y sont inscrits et qui intègre les élèves en difficulté d’apprentissage, mais on ne lui donne pas tous les moyens financiers nécessaires à l’acquittement de sa tâche. On en réserve plutôt une bonne partie aux élèves les plus privilégiés du Québec, au détriment évident des élèves en difficulté ou qui proviennent des milieux défavorisés », a déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE-CSQ. 

« Les PPP en éducation ne servent pas à réduire les coûts de l’école, ils servent à enrichir les mieux nantis et appauvrir celles et ceux qui tentent de joindre les deux bouts. Quand on voit ce matin dans les journaux que la pauvreté gagne du terrain à Montréal, surtout chez les enfants, et que cette pauvreté occasionne des retards d’apprentissage, on ne peut qu’interpeller le gouvernement pour qu’il change enfin ses façons de faire, sans quoi il faudra conclure qu’il entretient volontairement la pauvreté. De toutes manières, les PPP ne servent pas le bien public », a conclu M. Réjean Parent, président de la CSQ.

Un des scénarios de l’étude du MEQ, qui consiste à réduire de 10 % la contribution de l’État à l’école privée, aurait pour effet de réinjecter plus de 30 M$ et de ramener près de 6 000 élèves au réseau public avec, en prime, une économie d’environ 1 M$ pour le gouvernement. Dans le contexte de rationalisation qui prévaut actuellement, les dirigeants syndicaux exigent du gouvernement libéral qu’il fasse ce premier pas économique vers un meilleur financement de l’école publique.

Sources  :

Marjolaine Perreault, attachée de presse de la CSQ
(514) 356-8888, poste 2610, cellulaire (514) 235-5082


Sylvie Lemieux, attachée de presse de la FSE-CSQ
(418) 649-8888, poste 3151, cellulaire (418) 563-7193


Yves Parenteau, attaché de presse de l’Alliance
(514) 383-4880, poste 241, cellulaire (514) 910-3195