Le premier ministre de tous les Québécois

16 juin 2025

Dans la foulée des propos antisyndicaux tenus par la CAQ ces derniers jours, la FSE-CSQ et ses syndicats affiliés ont choisi de rester à l’écart, préférant laisser retomber la poussière plutôt que de s’engager dans une confrontation qui semble souhaitée par le gouvernement. Entre le coup de pied dans le nid de guêpes, une législation abusive et le « Ça va brasser! », le choix est vaste. Mais aujourd’hui, nous appelons au calme. Il est temps d’élever le débat.

Au cours de la dernière année, les enseignantes et enseignants ont eu le sentiment de se faire pointer du doigt pour tous les maux du réseau de l’éducation. Il est facile de comprendre pourquoi ils se sentent ainsi, car en plus d’un discours fortement antisyndical, nous avons eu droit à une série de mesures et de lois restrictives qui vont franchement à l’encontre du discours de valorisation de la profession, discours pourtant nécessaire, attendu et promis.

Depuis la négociation nationale et les événements inacceptables de l’école Bedford, la liste de mesures s’apparentant à des représailles ne cesse de s’allonger : code d’éthique qui restreint le droit de parole (PL 47), évaluation annuelle obligatoire de tous les enseignants (PL 94), limitation majeure du droit de grève (PL 89), pertes des matières locales de négociation (PL 100), réduction de la protection de la santé et la sécurité des travailleuses et travailleurs de l’éducation (PL 101), en très grande majorité des femmes, dans un secteur où la violence augmente, etc.

On nous répète que tous ces changements sont faits pour le bien des élèves. Nous différons d’opinion. Si c’était le cas, le ministre de l’Éducation choisirait d’engager en priorité du personnel et de consacrer son énergie à soutenir les élèves et les nouveaux enseignants, plutôt que de la gaspiller à encadrer et à contraindre ceux qui tiennent l’école à bout de bras depuis des années.

Autre exemple, malgré toutes nos interventions, pourquoi le gouvernement a-t-il laissé la situation de l’accès à l’eau dans les communautés du Nord dégénérer au point de forcer, en mai, la fermeture des écoles de Puvirnituq pour le reste de l’année scolaire?

Nous comprenons l’habile manœuvre de diversion : casser du sucre sur le dos des syndicats pour éviter de parler, notamment, des compressions majeures de la CAQ qui feront encore des dommages substantiels, de la pénurie alarmante de personnel, des écoles qui tombent en ruine et surtout des élèves qui vivent les effets directs de l’insuffisance de services. Il est facile de tenir le personnel enseignant comme responsable des manquements d’un réseau que la CAQ semble sacrifier sur l’autel du populisme. Mieux encore : blâmer les syndicats, parce que la haine du syndiqué peut s’avérer payante auprès de certaines clientèles électorales. Les enseignantes et enseignants n’ont pas à faire les frais de la politique de division alimentée par des sondages internes et des groupes de discussion destinés à augmenter la cote de popularité du gouvernement. Ils méritent mieux et n’ont pas à être instrumentalisés à des fins partisanes.

Ce sont des dizaines de milliers d’enseignantes et d’enseignants qui s’expriment à travers leurs représentants syndicaux. La consultation fait partie de nos pratiques, comme nous l’avons démontré à plusieurs reprises au cours des dernières années. Nous essayons donc de comprendre pourquoi le gouvernement de la CAQ en veut à ce point aux enseignants. Ils ne sont pourtant pas la source du problème; ils font plutôt partie intégrante de la solution et demeurent avides d’un dialogue social constructif.

En terminant, en plus d’avoir une pensée pour les ministres Drainville, Boulet et LeBel, nous souhaitons de bonnes vacances au premier ministre du Québec. Puisse-t-il prendre le recul nécessaire pour se ressaisir afin que la prochaine année lui permette de calmer le jeu et d’assumer pleinement ses fonctions de premier ministre de tous les Québécois, incluant les enseignantes et les enseignants.

 

Richard Bergevin, président de la Fédération des syndicats de l’enseignement

Karine Nantel, vice-présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement

Luc Gravel, vice-président de la Fédération des syndicats de l’enseignement

Steven Le Sueur, président de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec

 

Geneviève Fortier, présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Amiante

Lisette Trépanier, présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu

Sonia Laliberté, présidente du Syndicat de l’enseignement des Bois-Francs

Jean-François Guilbault, président du Syndicat de Champlain

Monique Brassard, présidente du Syndicat de l’enseignement de Charlevoix

Dominic Loubier, président du Syndicat de l’enseignement de la Chaudière

Nancy Gauvin, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Côte-du-Sud

Nicole Émond, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Jonquière

Martin Hogue, président du Syndicat de l’enseignement des Deux Rives

Guy Veillette, président du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville

Anne Bernier, présidente du Syndicat des travailleurs de l’éducation de l’Est du Québec

David Raymond, président du Syndicat de l’enseignement de l’Estrie

Monica Chiasson, présidente du Syndicat de l’enseignement de la région du Fer

Daniel Boisjoli, président du Syndicat du personnel de l’enseignement des Hautes-Rivières

Éric Plourde, président du Syndicat de l’enseignement du Haut-Richelieu

Rémi Therriault, président du Syndicat de l’enseignement de la Haute Côte-Nord

Annie Domingue, présidente du Syndicat des enseignantes et enseignants des Laurentides

Éric Paradis, président du Syndicat de l’enseignement du Lac-Saint-Jean

Mathieu Lessard, président du Syndicat de l’enseignement du Lanaudière

Jean-François Gaumond, président du Syndicat de l’enseignement de la région de la Mitis

Martine Provost, présidente de l’Association des professeurs de Lignery

Chantal Légaré, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Mauricie

Natacha Blanchet, présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage

Larry Imbeault, président de l’Association des employés du Nord québécois

Mario Simard, président du Syndicat de l’enseignement du Pays-des-Bleuets

Isabelle Paulin, présidente du Syndicat de l’enseignement de Portneuf

Isabelle Gariépy, présidente du Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil

Jean-Louis Bray, président du Syndicat de l’enseignement de la région
des Moulins

Jean-Stéphane Giguère, président du Syndicat de l’enseignement de la Rivière-du-Nord

Jean-François Boivin, président du Syndicat de l’enseignement du Saguenay

Cindy Lefebvre, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Jamésie et de l’Abitibi-Témiscamingue

Patrick Théroux, président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska

Stéphan Béland, président du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges

Jean-François Duval, président du Syndicat des enseignantes et enseignants de La Riveraine