Mise en œuvre du programme Culture et citoyenneté québécoise – Plus ça change, plus c’est pareil!
13 mai 2024
Faute de formation adéquate et de matériel approuvé, 81 % des enseignants ne sont pas prêts pour la prochaine rentrée, dénonce la FSE-CSQ
Constatant les nombreuses lacunes dans la formation, de même que l’absence de matériel approuvé pour l’implantation obligatoire du programme Culture et citoyenneté québécoise (CCQ), prévue pour la rentrée 2024, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) demande au ministère de l’Éducation du Québec la prolongation de son implantation facultative pour une année supplémentaire afin de pouvoir en faire une réussite. La FSE-CSQ fait cette demande après avoir consulté les profs du primaire et du secondaire concernés quant à la formation qu’ils ont pu suivre, et quant à l’accès au matériel du nouveau programme.
« Les centres de services scolaires (CSS) n’ont pas été au rendez-vous et les formations du Ministère, quand les profs y ont eu accès, sont demeurées beaucoup trop théoriques. C’est très décevant, car nous voulons avancer avec ce programme qui comporte de nombreux enjeux délicats, dont l’éducation à la sexualité. Nous souhaitons cependant que l’implantation se fasse correctement, avec de la formation plus pratique qui répond davantage aux besoins, avec le matériel nécessaire et avec des réponses à nos questions. Une fois de plus, le Ministère n’apprend pas de ses erreurs, et ce sont les enseignants qui en paieront le prix si on impose le programme mur à mur et sans discernement en septembre prochain », a fait savoir Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.
Plus de 2 675 personnes qui enseignent le programme ECR ou CCQ ont participé à la consultation menée du 30 avril au 6 mai 2024. Les résultats de la consultation sont éloquents. En voici quelques extraits :
- Seulement 45 % des enseignants qui l’enseigneront ont reçu une formation;
- 68 % des répondants jugent qu’ils n’ont pas les ressources matérielles ou techniques nécessaires pour l’enseignement du programme;
- 81 % des enseignants considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment formés et outillés pour enseigner le programme dans quelques mois seulement.
« Comprenons-nous bien ici : ce n’est ni faute de volonté ni en raison de leur grève de huit jours que les enseignants ne sont pas suffisamment formés. C’est plutôt parce que les CSS n’ont pas pris les moyens nécessaires pour assurer leur formation, malgré le financement dégagé par le Ministère qui, lui, n’en a pas assuré le suivi. Aucun bilan n’a été fait, aucun état des lieux n’a été constaté. Nous avons reçu des dizaines et des dizaines de pages de commentaires explicatifs, qui illustrent essentiellement la succession de portes qui ont été fermées pour les enseignants », a ajouté
Mme Scalabrini. En voici un résumé :
- Les formations sur le programme CCQ ne sont pas offertes par certains CSS;
- Des formations sont annulées faute de personnes suppléantes;
- Une formation en mai est prévue dans des CSS, mais c’est déjà beaucoup trop tard;
- Des formations dans des CSS sont réservées aux seules écoles qui ont implanté le programme CCQ cette année;
- Aucun matériel didactique n’a été approuvé par le Ministère, ça devrait se faire à la fin août, indique-t-il, mais c’est vraiment trop tard;
- Les situations d’apprentissage et d’évaluation n’ont pas été élaborées en amont;
- Il y a un besoin de formation en évaluation des compétences du programme;
- Il y a un besoin de ressources conformes à la progression des apprentissages;
- Il n’y a aucune formation destinée au personnel enseignant en adaptation scolaire;
- L’enseignement du programme dans les groupes à plus d’une année d’études est pratiquement impossible, notamment avec les contenus en éducation à la sexualité.
« Croire que des enseignants, déjà surchargés, arriveront à s’approprier un programme, à planifier les apprentissages avec de nouvelles ressources qu’ils devront puiser à la pièce, à évaluer rigoureusement les apprentissages des élèves en mettant simultanément en œuvre le programme, c’est tout simplement irréaliste! Quand le gouvernement clame haut et fort qu’il veut valoriser la profession enseignante et qu’il implante un nouveau programme sans donner les conditions essentielles, il envoie un message inconséquent aux profs. Le respect pour les enseignants doit s’exprimer concrètement dans des situations comme celle-ci », a conclu Mme Scalabrini.
On peut prendre connaissance des résultats de la consultation sur le site Web de la FSE‑CSQ.