Souplesse et flexibilité, vous dites?
27 septembre 2023
Depuis des semaines, nous entendons la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, et le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, demander encore que les syndicats fassent preuve de plus de flexibilité et de souplesse dans les négociations qui ont cours pour le renouvellement des contrats de travail. Je comprends très bien leur stratégie : ils veulent propager l’idée que les syndicats manquent de souplesse et qu’ils sont inflexibles, question de nous accoler une étiquette de fermeture et de transformer notre détermination en caricature pour se donner bonne presse. Mais qu’en est-il vraiment dans les milieux?
Après une vingtaine d’années de désolantes compressions, de désengagement de l’État, d’intégration ratée des élèves sans les services nécessaires, de gestion axée sur les résultats (sans ressources!), de microgestion, de pandémie et de pénurie, tous les enseignants et enseignantes savent que ça ne prend pas seulement de la flexibilité pour être en enseignement, ça prend aussi des talents de contorsionniste. Contre vents et marées et contre des politiques incohérentes, des mesures à courte vue, et des réformes de structures et de gestionnaires, nous avons porté l’école à bout de bras. Mais nous ne voulons pas qu’elle tienne avec de la broche. Se tenir debout pour ses convictions, ça s’appelle de l’intégrité. Nous portons un message qui vient des gens que nous représentons, et 100 000 personnes sont descendues dans la rue avec nous samedi dernier pour le porter encore plus fort, d’une seule voix. Maintenant, c’est au gouvernement de l’entendre.
L’élastique de notre souplesse a tellement été étiré qu’il a pété, pour le dire en bon québécois. Pour faire avancer la négociation, ce n’est pas d’encore plus de flexibilité des enseignants dont nous avons besoin; pour faire avancer la négociation, ça prend du respect, du véritable respect, de l’écoute à nos solutions qui sont réalistes, n’en déplaise au gouvernement, et qui permettraient enfin de voir la lumière au bout du tunnel.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ