Rencontre des partenaires en éducation

26 octobre 2010

La Rencontre des partenaires en éducation, convoquée le 25 octobre par la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, avait pour but de faire le point sur la question de la réussite des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
Cette initiative découlait de la dernière ronde de négociations, au cours de laquelle la ministre de l’Éducation d’alors, Michelle Courchesne, s’était engagée à tenir l’événement pour permettre à tous les intervenantes et intervenants du milieu de participer à la discussion entourant cette importante question à portée sociale.
 
Un dossier de fond
Depuis 2007, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), avec l’appui de la CSQ et de ses autres fédérations du réseau scolaire, avait signifié qu’il devait y avoir des balises et des limites à l’intégration, que les enseignantes et enseignants croulent sous une tâche trop lourde. Mais surtout, avec l’intégration massive des élèves HDAA en classe ordinaire, on a souvent franchi le seuil au-delà duquel la classe ordinaire devient dysfonctionnelle, où elle ne sert plus personne, ni les élèves en difficulté, ni les autres élèves, ni le personnel enseignant.
La FSE et la CSQ ont aussi fait valoir que l’écrémage des meilleurs éléments du réseau par la fuite vers le privé et par la sélection des meilleurs élèves à l’intérieur de programmes spécifiques et sélectifs de l’école publique constituait un facteur de pression supplémentaire sur la classe ordinaire.
Des progrès dans le discours
Même si l’ensemble des partenaires de l’éducation était convoqué, nous croyons avoir réussi à influencer profondément l’issue de cette rencontre et provoqué, par notre travail des dernières années, une sorte de consensus, admis par la ministre elle-même, à l’effet qu’il y a un point de rupture de la classe ordinaire que nous devons éviter d’atteindre.
Sur les moyens à déployer, la diversification des solutions et des modèles d’organisation des services en orthopédagogie  semble maintenant avoir plus d’attrait aux yeux de la ministre, par exemple les classes répit-transit et classes ressources que nous proposions.
Nous avons aussi constaté avec satisfaction que les parents partageaient dorénavant notre inquiétude sur les effets de l’écrémage de la classe ordinaire par les projets particuliers sélectifs.
Par ailleurs, la ministre a indiqué qu’une des voies envisagées constituait à demander au secteur privé de faire sa part à l’égard des élèves en difficulté, que ce soit au niveau de l’admission de ces élèves, mais aussi de leur rétention et de leur progression vers la réussite. L’école privée, subventionnée à 60 % par l’État, doit assumer ses responsabilités sociales, a-t-elle rappelé.
Une belle journée d’action et de communication
À l’extérieur du Centre des congrès, environ 200 membres des syndicats FSE tenaient une démonstration d’appui à leur porte-parole et à leur revendication. Des tracts et capsules avaient été distribués tôt en matinée sur la colline Parlementaire, une courte vidéo sur notre revendication était présentée en boucle sous un chapiteau monté pour l’occasion. Une bonne soupe chaude réchauffait les manifestants et même certains sans-abris, avons-nous noté.
Du côté des médias, la plupart des grands quotidiens ont publié, au cours de la dernière semaine, des articles de fond sur la question et pris partie, dans leurs éditoriaux, en adoptant souvent nos propositions à l’effet que la classe ordinaire a ses limites. Nos porte-parole, tant de la FSE que de la CSQ, ont bénéficié d’une bonne tribune publique, ce qui est notable quand on considère le nombre de groupes présents à cette rencontre. La ministre a aussi été interpellée sur de nombreuses tribunes.
Vers des gestes concrets…
À l’issue de la rencontre, la ministre de l’Éducation a indiqué qu’elle n’avait pas encore décelé un consensus clair sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer la réussite des élèves en difficulté, et qu’elle se donnait jusqu’en juin pour arriver à déterminer des balises, d’autant que le comité paritaire FSE-MELS, prévu à la dernière négociation, partage lui aussi cette échéance. Pour Manon Bernard, présidente de la FSE, s’il faut se réjouir de l’évolution du discours des divers partenaires, où nous reconnaissons quelques-uns des éléments que nous avons soulevés et étayés, nous resterons absolument vigilants pour que ces déclarations d’intention, aussi séduisantes soient-elles, se traduisent en propositions concrètes dans un avenir proche. La réussite des élèves en difficulté en dépend, tout comme celle des autres élèves et la santé du personnel enseignant.