Les profs veulent faire leur part
1 avril 2020
Avec la COVID-19, le Québec vit une crise sanitaire sans précédent. Le gouvernement, avec raison, a mis de l’avant plusieurs mesures pour limiter la propagation du virus. Il a notamment annoncé la fermeture de toutes les écoles et de tous les centres de formation du Québec, à tout le moins jusqu’au 1er mai prochain.
Les deux dernières semaines ont été un temps d’arrêt pour organiser la suite des choses. Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a réuni régulièrement les différents acteurs de notre système d’éducation, notamment les syndicats ainsi que les directions d’établissement et de centre de services scolaire pour développer des façons de faire réalisables en cette période de crise.
Nous participons activement à toutes ces rencontres. Nous travaillons très fort à la recherche de solutions afin d’aider les élèves et leur famille. Je trouve dommage que certains s’efforcent présentement de vouloir faire mal paraître les organisations syndicales, en ridiculisant les questionnements que nous avons eus au regard de la clarté de certaines directives, plutôt que de souligner le travail exceptionnel de collaboration qui se fait actuellement dans le réseau scolaire. Les questions que nous posons sont pourtant légitimes et ont pour objectif d’améliorer les choses. Nous sommes en droit de réclamer des mesures plus claires de notre gouvernement. Dans certaines régions du Québec, des centres de services scolaires se sont permis d’interpréter les directives ministérielles de façon plutôt créative. Par exemple, dans un questionnaire qu’ils fournissent aux profs pour qu’ils effectuent des appels aux élèves, on y trouve des questions sur la situation financière de leur famille ou le niveau d’anxiété qui règne à la maison. Si garder le contact avec ses élèves pour favoriser le maintien de certains apprentissages est un mandat que nous acceptons volontiers, il ne revient pas non plus aux enseignants de s’improviser travailleurs sociaux.
Comme toujours, le personnel enseignant participera activement. Oui, les contacts avec les élèves seront faits; c’est même déjà le cas dans plusieurs milieux. Soulignons tout de même que les moyens technologiques dont disposent les familles varient beaucoup en fonction de leur profil socioéconomique, tout comme le niveau d’implication des parents dans le cheminement scolaire de leurs enfants. Nous ne voulons certes pas écoper pour les lacunes technologiques du réseau public ou l’accès inégal des élèves à ces technologies. En ce sens, la crise nous fait réaliser l’ampleur de la mise à niveau nécessaire pour nos écoles et nos régions afin de répondre aux besoins.
N’oublions pas cependant que les enseignantes et enseignants sont aussi des citoyens. Comme bien d’autres en ce moment, ils doivent aussi composer avec la présence de leurs enfants à la maison, en plus de réaliser de nouvelles tâches professionnelles. Certains doivent aussi apporter du soutien à des membres de leur famille qui sont affectés d’une façon ou d’une autre par les mesures de confinement liées à la pandémie. Ça ne change pas leurs obligations, mais ça témoigne de la souplesse dont les centres de services scolaires et les directions devront faire preuve pour tenir compte des différentes réalités personnelles.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ