Les masques tombent
7 février 2020
Hier, le masque de monsieur Legault est tombé. Son mépris pour la profession enseignante et pour celles et ceux qui portent l’école à bout de bras est apparu au grand jour.
Pour lui, vous êtes en congé lors des journées pédagogiques. Manifestement, il ne vous a jamais accompagnés pendant l’une de ces journées de planification, de formation, de concertation avec les collègues. Le premier ministre laisse clairement entendre que parce que vous n’êtes pas devant les élèves, vous ne travaillez pas. Rappelons-nous que, dans les années 2000, alors qu’il était ministre de l’Éducation, François Legault affirmait que les enseignantes et enseignants voulaient être payés pour lire des revues…
Ce gouvernement carbure au mépris, ne reculant devant rien pour des considérations purement et bassement politiques. Il nous a déposé des demandes patronales insultantes dans le cadre de la négociation qui vient de s’amorcer, aux antipodes des solutions que nous proposons, et même de celles que son gouvernement a lui-même avancées. Mais aujourd’hui le mépris atteint son paroxysme, avec l’utilisation du bâillon pour l’adoption du projet de loi no 40.
Où est l’urgence d’adopter ce projet de loi? Le ministre invoque les délais prévus à la Loi sur les élections scolaires. Si tel était le cas, pourquoi ne pas scinder son projet de loi en deux pour régler son urgence? Nous ne pouvons pas nous permettre l’économie d’une réflexion et de débats sur les enjeux majeurs soulevés dans ce projet de loi. Surtout pas quand l’éducation est annoncée comme une priorité! Bousculer sans vergogne l’adoption d’un projet de loi aussi important pour ce pilier de notre société relève de l’irresponsabilité.
Soyons clairs, nous ne voulions pas de ce projet de loi. Il dissimule non seulement des attaques à la profession enseignante, mais également de grands dangers. Mais devant l’inévitable, nous avons choisi de travailler avec les parlementaires, de tous les partis, pour éviter la catastrophe. Le travail accompli avec eux est colossal, essentiel. Il aurait dû se poursuivre. Le ministre lui‑même a dû déposer plus de 80 amendements cette semaine, constatant les ratés d’un projet de loi bâti à la sauvette.
Le travail était loin d’être terminé, beaucoup d’articles importants et d’amendements n’ont pas encore été étudiés, analysés et réfléchis. Le champ de compétences du conseil d’établissement n’a pas été précisé et pourrait empiéter sur des éléments concernant la gestion du personnel, tout comme le rôle du nouveau comité d’engagement pour la réussite des élèves, qui pourrait vous imposer des pratiques pédagogiques et évaluatives. Aucune possibilité d’en débattre. Et cela venant d’un gouvernement qui voulait travailler autrement et valoriser la profession enseignante… Ouf!
À la Fédération des syndicats de l’enseignement, nous réclamons une vision globale en éducation depuis de nombreuses années. Le gouvernement choisit plutôt d’imposer irrespectueusement des changements à la pièce. Encore. Ce sont le personnel de l’éducation et les élèves qui écoperont. Encore.
En cette Semaine des enseignantes et des enseignants, nous avons 1 216 791 raisons d’être indignés. Derrière le bâillon qui nous est imposé, vous entendrez encore notre voix, Monsieur le Ministre!
#nonaubaillon
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ