Le gouvernement s’éveille à l’approche des élections
17 janvier 2018
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du réseau scolaire et de la petite enfance qualifient d’intéressante, mais électoraliste, la Stratégie relative aux services éducatifs offerts aux enfants de 0 à 8 ans, dévoilée aujourd’hui par les ministres Sébastien Proulx et Luc Fortin.
L’importance d’agir tôt
D’entrée de jeu, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, constate que le gouvernement semble enfin s’éveiller à l’importance d’agir tôt pour donner aux enfants toutes les chances de se développer et de réussir.
« C’est fou ce qu’une élection prochaine peut réveiller le gouvernement! Cette prise de conscience et les efforts qui seront faits pour soutenir les enfants âgés entre 0 à 8 ans dans leur développement sont des orientations qui vont dans la bonne direction. Cependant, plusieurs mesures n’ont pas d’échéancier précis quant à leur mise en œuvre et on n’en connaît pas les détails. Beaucoup de questions restent sans réponses », explique Louise Chabot.
Par exemple, la CSQ constate que la Stratégie ne vient aucunement pallier les attaques frontales que le réseau public de services éducatifs à la petite enfance a subies au cours des dernières années, tant en milieu familial qu’en CPE.
Une application qui soulève des doutes
La CSQ accueille favorablement l’intention d’assurer une meilleure continuité de l’information en proposant des outils pour documenter le développement de l’enfant. « Or, c’est l’application de cette mesure qui soulève des inquiétudes et de sérieux questionnements. On propose de créer un dossier de l’élève, mais quels seront les impacts d’une telle initiative par exemple sur la tâche du personnel qui est déjà passablement complexe et lourde, ou même sur la confidentialité? On comprend l’objectif recherché par cette mesure, mais avant de la mettre en place, il nous semble qu’il serait nécessaire de consulter le personnel », de dire la leader syndicale.
Louise Chabot ajoute que les objectifs pour la création d’un nouveau cycle sont imprécis, bien que l’harmonisation des programmes de maternelle 4 ans et 5 ans soit une mesure qui avait été réclamée depuis quelques années. La présidente voit d’un bon œil la mesure sur l’aide alimentaire, mais rappelle que le gouvernement avait coupé l’année dernière dans ces programmes avant de se raviser devant la pression de nos syndicats.
Le personnel au cœur des bibliothèques
La CSQ se réjouit également qu’on veuille à nouveau s’appuyer sur les bibliothèques scolaires pour favoriser l’apprentissage de la lecture chez les enfants, mais cela ne peut se faire sans la collaboration d’un personnel spécialisé. « On ne peut pas mettre en place un programme d’accompagnement à l’éveil et à l’apprentissage de la lecture dans les bibliothèques scolaires en s’appuyant uniquement sur la bonne volonté de parents bénévoles. Il faut pouvoir compter sur un personnel formé et spécialisé dans ce domaine de plus en plus rare dans nos écoles et nos commissions scolaires. C’est donc une belle occasion de réembaucher ces travailleuses et travailleurs dont nous avons besoin et qui ont été mis à pied par austérité », mentionne Louise Chabot.
Enfin, la présidente de la CSQ rappelle que la solution passe effectivement par l’ajout de ressources. « Cependant, dans un contexte de pénurie, ce ne sont pas les conditions de travail actuelles, sans valorisation, avec des salaires insuffisants et des horaires morcelés favorisant la précarité, qui vont permettre d’attirer et de retenir le personnel dont nos enfants ont grandement besoin », conclut Louise Chabot.
Rappelons que la CSQ est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance.