Et le cours d’éducation à la sexualité, ça avance Monsieur le Ministre?
29 novembre 2017
Au mois d’octobre dernier, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, affirmait vouloir rendre obligatoire l’éducation à la sexualité dans toutes les écoles du Québec dès l’an prochain. Ces déclarations arrivaient, bien entendu, au moment où se succédaient les révélations-chocs sur les inconduites sexuelles de plusieurs personnalités publiques. Quand un débat comme celui-là fait rage, il y a urgence politique. Il faut annoncer quelque chose…
Au moment de cette déclaration, j’ai questionné cet empressement soudain du ministre, dans ce dossier qui piétine pourtant depuis des années. Nous réclamons depuis longtemps, dans le respect d‘une vision globale en éducation, l’ajout de l’éducation à la sexualité dans la grille-matières. Dès juin, le comité consultatif sur ce programme a demandé une rencontre en août ou septembre, sans succès. À ce jour, il n’y a toujours aucune date à l’horizon. Clairement, ce n’était pas et ce n’est toujours pas un dossier prioritaire.
Ça fait maintenant deux mois que le dossier de l’éducation à la sexualité est, logiquement, sur le dessus de la « pile » du ministre. Nous ne savons toujours rien de plus. Je me répète, le temps presse! Les semaines passent et il devient de plus en plus difficile, voire impossible, d’arriver à la rentrée prochaine avec un programme bien ficelé, sans bousculer l’organisation scolaire et le personnel. D’autant plus, dois-je le rappeler, que le bilan des projets pilotes avec le programme dans sa formule actuelle a été mitigé. Aurons-nous le temps d’ajuster le tir, ou irons-nous de l’avant avec une façon de faire inadéquate, sans ressources matérielles et financières et sans formation pour les enseignantes et enseignants?
J’ose espérer que je m’inquiète pour rien, et que je ne suis qu‘une représentante syndicale qui ne sait jamais être positive. Je ne voudrais surtout pas apprendre que tout avançait rapidement derrière les portes closes du Ministère sans la participation du personnel qui aura à vivre ces grands changements sans y avoir été associé aux décisions. Comme le ministre a dit, lors de l‘annonce du Lab-École, qu‘il voulait faire autrement en éducation, j’ose espérer que nous serons bientôt associés à la démarche, et que tout sera fin prêt dans les prochaines semaines pour faciliter l’organisation scolaire de la prochaine année. Enfin, je souhaite que nous ayons un programme bien ficelé, du matériel complet et des profs bien formés à la rentrée prochaine pour outiller nos jeunes face à des enjeux importants. Mais permettez-moi d’en douter… Il aurait fallu commencer ce travail il y a longtemps déjà, en y associant les enseignantes et enseignants. Au minimum, il aurait été nécessaire, dès la déclaration du ministre en octobre, de mettre les bouchées doubles pour faire avancer le dossier. Malheureusement, tout indique que nous nous dirigeons vers une situation similaire à celle vécue en septembre dernier avec le cours d’éducation financière.
Alors, Monsieur le Ministre, je vous pose la question: Le cours d’éducation à la sexualité, ça avance?
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE