Éducation à la sexualité : on piétine depuis des années!
20 octobre 2017
Alors que le Québec est secoué par un mouvement sans précédent qui révèle au grand jour les comportements sexuels inacceptables de certaines personnalités publiques, le ministre Sébastien Proulx a réagi. Il souhaite rendre l’éducation à la sexualité obligatoire dans toutes les écoles du Québec dès l’an prochain.
Ce qu’on comprend de cet empressement soudain, c’est que devant un scandale, il y a urgence politique. On doit agir vite, surtout en période préélectorale…
Pourtant, ça fait des années qu’on piétine dans ce dossier. Le personnel de l’éducation répète depuis fort longtemps qu’il est grand temps de prévoir l’éducation à la sexualité dans la grille-matières, pour s’assurer que nous informons et outillons correctement les élèves sur des sujets importants comme l’égalité entre les genres, le consentement et l’expression saine de la sexualité.
Les partenaires de l’éducation ont d’ailleurs demandé qu’une rencontre du comité consultatif sur ce programme ait lieu en août ou septembre derniers, sans succès. Maintenant que ce dossier semble devenu une priorité pour le ministre, nous espérons que les choses débloquent à court terme, pour éviter de nous retrouver avec les mêmes problèmes que nous avons vécus avec l’implantation du cours d’éducation financière.
Faut-il le rappeler, quand le contexte politique (et les intérêts du monde des affaires) a rendu pertinent le cours d’éducation financière, tout s’est réglé en quelques mois, avec les résultats qu’on connaît. Programme boiteux, pas de formation ni de temps d’appropriation pour les profs, matériel incomplet, etc.
Cette fois, il faudra faire autrement. Et le temps presse. On le sait, le bilan des projets pilotes avec le programme d’éducation à la sexualité dans sa formule actuelle a été mitigé. Pourtant, le ministre nous annonce qu’on va poursuivre dans le même sens. Allons‑nous rendre obligatoire une façon de faire qui ne rejoindra pas l’objectif, notamment en étant en dehors de la grille-matières, et en ne prévoyant pas de ressources matérielles et financières, de formation et de temps d’appropriation?
Comme je le répète chaque fois que j’en ai l’occasion, il est impératif que nous nous dotions d’une vision globale en éducation, et qu’un temps minimum soit prescrit pour l’ensemble des matières au programme. C’est la seule façon cohérente d’éviter de prendre des décisions politiques à la pièce qui, chaque fois, mettent une pression énorme sur le dos des enseignantes et enseignants à qui on demande sans cesse de faire plus avec moins.
Josée Scalabrini
Présidente