Formation professionnelle : les besoins des élèves doivent passer avant ceux des entreprises
24 mars 2017
La volonté actuelle du gouvernement d’arrimer le plus possible les programmes de formation professionnelle (FP) aux besoins des entreprises risque de reléguer au second rang les besoins réels des élèves, estiment plusieurs enseignantes et enseignants de FP présentement réunis à Québec.
Cette opinion semblait partagée par les participantes et participants à cette importante rencontre, organisée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), qui réunit environ 125 personnes provenant des quatre coins du Québec. Les sujets sont nombreux à l’ordre du jour, mais il sera principalement question des orientations gouvernementales actuelles en FP, de la mise à jour des différents programmes et du rôle du personnel enseignant dans les centres de FP de la province.
Un enjeu crucial
Les enseignantes et enseignants réunis par la FSE sont préoccupés par les agissements du gouvernement actuel, qui souhaite clairement réorienter la FP et réduire son rôle à répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises. Une orientation qui va à l’encontre des valeurs fondamentales de notre système d’éducation public et qui brime les aspirations réelles de plusieurs élèves québécois.
« Dans un système d’éducation public comme le nôtre, chaque élève doit avoir une chance égale d’écrire son avenir. Pour que ce soit possible, tous doivent pouvoir choisir le programme de formation qui les passionne. Tous les élèves devraient pouvoir poursuivre leurs rêves, et personne ne devrait avoir à suivre une voie déjà tracée », explique Josée Scalabrini, présidente de la FSE.
« Le Québec s’est doté d’un réseau de formation professionnelle de qualité, qui est devenu un modèle à l’international. La FP ne vise pas seulement à répondre aux besoins des entreprises, elle doit aussi tenir compte des besoins et aspirations des personnes, jeunes et adultes, qui veulent obtenir un diplôme professionnel pour progresser dans leur vie personnelle et professionnelle », ajoute-t-elle.
Ce désir de répondre aux besoins des entreprises privées se reflète également dans d’autres décisions, comme celle d’augmenter la durée des stages dans certains programmes.
Une telle mesure ne doit pas être prise au détriment de la qualité de la formation. Les diplômes d’étude professionnelle (DEP) doivent continuer d’être une porte ouverte sur toutes les facettes d’un métier, quelle que soit l’entreprise dans laquelle un élève souhaite travailler. Il n’est pas souhaitable que les personnes soient formées spécifiquement pour répondre aux besoins d’une seule entreprise.
Reconnaître l’expertise des profs
Les participantes et participants à ce rendez-vous annuel souhaitent aussi rappeler au gouvernement que les enseignantes et enseignants à la formation professionnelle doivent être les acteurs clés de toute réforme à ce niveau. Leur expertise doit être reconnue, et leur opinion prise en compte.
Au cours des dernières années, ils ont su porter la FP à bout de bras, dans un contexte de coupes massives en éducation. Ces compressions se sont notamment traduites par des diminutions d’investissement dans les équipements, mais aussi dans les services offerts aux élèves en difficulté.