Cours d’économie obligatoire : où le couperet tombera-t-il?
14 octobre 2016
Il y a une dizaine de jours, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, annonçait qu’il rendrait obligatoire un cours d’économie à la fin du secondaire dès la rentrée 2017. L’annonce d’une telle décision, alors que la grande consultation sur la réussite éducative bat son plein, a de quoi nous laisser perplexes quant à la réelle volonté de consulter du ministre. Mais là n’est pas le principal problème.
On ne peut pas être contre la vertu. Difficile de penser qu’il n’est pas utile pour les adultes de demain de se familiariser avec la gestion de leurs finances personnelles, de bien comprendre l’importance de l’épargne et les dangers du crédit…
Cependant, une question importante mérite d’être posée. Au détriment de quelles autres matières se feront ces apprentissages?
Pour bien comprendre la situation, il importe de préciser que les matières au programme dans les écoles sont prescrites par le ministère de l’Éducation. Cependant, le temps qui doit y être consacré, lui, n’est pas prescrit. Cette façon de faire laisse la porte toute grande ouverte à des décisions prises à la pièce, pour répondre à des demandes ponctuelles ou carrément politiques.
Ainsi, on demande à l’école d’offrir des cours de natation quand un enfant se noie. Des groupes de pression réclament plus de place pour les technologies, les sports, les sciences, etc. Les parents, qui souhaitent des enfants bilingues, veulent l’anglais intensif.
Malheureusement, le calendrier et l’horaire scolaires ne s’étirent pas à notre guise. Où le couperet tombera-t-il? Devra-t-on comprimer les heures allouées à l’enseignement des mathématiques, du français?
Le casse-tête est d’autant plus complexe dans le contexte actuel où de plus en plus d’élèves sont inscrits dans des programmes particuliers. Déjà, pour consacrer davantage de temps au hockey ou aux langues, ces élèves passent moins d’heures en classe. Et que dire des milliers d’élèves en difficulté qui, malgré tous leurs efforts, peinent à garder la tête hors de l’eau? Pourra-t-on continuer à intégrer de nouvelles matières obligatoires sans compromettre leur réussite dans les matières de base?
Avant de prendre la décision d’ajouter une matière obligatoire, il faut en analyser les conséquences sur l’ensemble du curriculum.
En éducation, l’improvisation a assez duré.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE