Parler pour être entendus!

30 septembre 2016

Le 16 septembre dernier, le premier ministre Philippe Couillard et son ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, annonçaient une vaste consultation sur la réussite éducative. Finies, donc, les discussions inutiles sur le brassage des structures. La FSE, qui réclame depuis des années que les enseignantes et enseignants soient consultés avant d’aller de l’avant avec de grands changements en éducation, voit d’un bon oeil la mise en place de cette consultation.
Cependant, même si nous reconnaissons qu’il s’agit clairement d’un pas dans la bonne direction, nous ne sommes pas dupes. L’annonce de cette consultation ne réussit malheureusement pas à nous faire oublier le contenu du projet de loi no 105, actuellement discuté en commission parlementaire.

Dans ce projet de loi, qui vise à modifier la Loi sur l’instruction publique (LIP), plusieurs choses clochent. Tout comme son prédécesseur qui portait le numéro 86, il a comme effet de limiter l’autonomie professionnelle du personnel enseignant et de consacrer la gestion axée sur les résultats. N’est-il pas incohérent d’affirmer vouloir parler de réussite éducative alors que, dans un projet de loi, on consolide un mode de gestion basé sur des statistiques et des cibles chiffrées plutôt que sur les humains?
Et que dire de la chronologie des événements… Pourquoi des modifications aussi importantes à la LIP sont-elles proposées et débattues avant même que n’ait lieu cette grande consultation récemment annoncée?
Ne devrait-on pas attendre de connaître l’opinion des Québécoises et Québécois avant d’aller de l’avant? Les dés sont-ils pipés? A-t-on réellement l’intention de tenir compte de l’opinion des enseignantes et enseignants, qui sont les véritables experts terrain de la pédagogie? On peut définitivement en douter. D’autant plus que l’on constate rapidement, en remplissant le formulaire de consultation en ligne, que les questions et les réponses orientent le débat vers des enjeux qui sont chers au gouvernement libéral…C’est décevant.
Pour la FSE, il est essentiel que la réalité des classes, où sont intégrés beaucoup d’élèves en difficulté sans tous les services nécessaires, soit remise au centre des réflexions. Nous déplorons aussi que les opinions déjà exprimées par les profs au sujet de leur propre profession ne soient pas prises en compte. Par exemple, pour nous, le débat sur l’ordre professionnel est clos : l’Office des professions du Québec a déjà statué sur son inutilité, et les enseignantes et enseignants se sont massivement prononcés contre à 95 %.
Trop souvent, depuis des années, la LIP a été modifiée à la pièce, en fonction des tendances en éducation et des humeurs des gouvernements qui se succèdent. Malheureusement, cette façon de faire a entraîné davantage de problèmes de cohérence que d’améliorations dans la vie des élèves du Québec.
En terminant, la FSE a l’intention d’occuper tous les espaces disponibles pour faire entendre et respecter l’opinion du personnel enseignant au cours de ce processus de consultation. Nous encourageons aussi les profs de partout au Québec à participer au débat pour faire connaître leur réalité.
Il est primordial qu’au terme de l’exercice actuel, les enseignantes et enseignants aient toute la place qui leur revient. Le personnel enseignant de la FSE ne se contentera jamais d’un rôle de spectateur. Il doit être au cœur des décisions.
Tant et aussi longtemps que le pouvoir décisionnel et l’autonomie professionnelle des enseignantes et enseignants ne seront pas garantis dans la loi, le gouvernement nous trouvera sur sa route!
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE