Enquête sur la violence à l’école – Une situation qui demeure préoccupante
28 avril 2016
Cette semaine, une équipe de recherche de l’Université Laval rendait publics les résultats de L’enquête nationale sur la violence à l’école 2013-2015. Depuis, on entend dans les médias que la violence est en baisse dans les écoles du Québec. Plus nuancés, les chercheurs à l’origine de l’enquête estiment que la situation est demeurée la même. Mais, n’en faisons pas un débat de chiffres. Peu importe que la violence en milieu scolaire ait légèrement diminué ou stagné, là n’est pas la question la plus importante. Ce qui compte, c’est de garder en tête que la bataille n’est pas gagnée et qu’il reste du travail à accomplir.
Quand on regarde les données de l’enquête, les chiffres tendent à démontrer que la Loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école, adoptée en 2012, a eu des effets positifs. C’est donc dire que les nombreux efforts déployés par les enseignantes et enseignants et par l’ensemble du personnel scolaire, malgré les compressions et le manque de ressources, ont porté fruit. Plus que jamais, le personnel est outillé pour parler de la violence, en reconnaître les manifestations et agir de façon efficace. Bravo!
En dépit de ces constats positifs, il reste une ombre au tableau : la violence envers le personnel enseignant. L’enquête révèle qu’un peu plus de 10 % des enseignantes et enseignants sont, bon an mal an, victimes de violence. C’est énorme. Un seul cas, c’est un cas de trop.
Une profession à haut risque?
Récemment, le Syndicat de l’enseignement de la région de Québec (SERQ-CSQ) dénonçait publiquement l’augmentation du nombre de cas de violence envers le personnel enseignant. Le SERQ-CSQ citait en exemple des cas où des profs ont été insultés, mordus et même frappés par des élèves. Vérification faite, il a parfaitement raison. La violence envers le personnel enseignant n’est pas au beau fixe. Dans ses plus récentes statistiques sur les lésions attribuables à la violence en milieu de travail, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) affirme qu’« entre 2011 et 2014, on remarque des hausses des lésions attribuables à la violence en milieu de travail de 11,1 % pour les enseignants ». Cette situation n’est pas acceptable. C’est même extrêmement préoccupant. Et il ne s’agit pas ici de perceptions, mais de faits.
Avec 360 cas en 2014, les enseignantes et enseignants du primaire et du secondaire occupent la deuxième place dans le palmarès des professions où la CNESST recense le plus de lésions professionnelles liées à la violence. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg!
En effet, il ne s’agit ici que de 360 cas graves ayant nécessité une assistance médicale ou donné lieu à un arrêt de travail. On ne parle pas de l’enseignante qui se fait mordre et qui poursuit sa journée, ni de celle qui a quelques ecchymoses après avoir essuyé les coups de pied d’un élève en crise…
Attention à la banalisation
Comme je le mentionnais d’entrée de jeu, les résultats de cette enquête nationale nous permettent d’être positifs. Lentement mais sûrement, les choses semblent s’améliorer, ou du moins, ne pas se détériorer.
Cependant, il existe aussi un danger dans la façon dont ont été présentés les résultats de cette enquête : sous-estimer l’importance d’un phénomène qui mine le quotidien de milliers d’élèves et d’enseignantes et d’enseignants au Québec.
Ne nous mettons pas la tête dans le sable et faisons bien attention à ne pas banaliser la violence en milieu scolaire. La situation demeure très préoccupante.
Josée Scalabrini
Présidente de la FSE